Cela va faire plus d’une semaine que la police sanctionne le non port du masque par des amendes dans les transports en commun. Force est de constater qu’au lieu de se protéger contre la pandémie, le seul souci est d’échapper au control policier.
« Tout le monde cherche son masque à l’approche d’un pont ou d’un point de contrôle des policiers», se lamente une sexagénaire habitant le quartier Mutanga nord, à bord d’un bus en partance pour le centre-ville, tôt le matin.
A quelques mètres du pont Ntahangwa, le convoyeur clame haut : «Mettez tous vos masques. Nous arrivons au pont. Je n’ai pas les 30.000 Fbu pour payer l’amande. Celui qui n’en a pas va sortir du bus, directement.» Apparemment, la quasi-totalité des passagers en possède.
«Mon masque, je le conserve avec les frais de bus, pour ne pas l’oublier», lance un maçon qui travaille dans un chantier de Kibenga large. Celui-ci sort de son petit sac un masque tout usé, qui, probablement date des mois.
Sur le dernier banc du bus, la seule personne à avoir oublié son masque se dénonce : «Je l’ai carrément oublié dans les habits que je portais hier.» Son voisin le tranquillise : «J’en ai un de réserve. Je te le prête, le temps de se tirer du contrôle policier.»
Sur le pont Ntahangwa, deux policiers de roulage y sont postés. L’un ne porte pas de masques. Compréhensible, il est entrain de siffler, régulant la circulation routière. L’embouteillage bat son plein. L’autre, un smartphone en main, ne fait que jeter un coup d’œil dans le bus, et le laisse passer. Tout est apparemment en ordre. Il possède également un masque, mais enroulé autour de son bras droit. «Les policiers devraient d’abord être sensibilisés, car à l’évidence, eux-mêmes ne savent pas l’importance du port de masque», lâche une dame, au look plutôt intellectuel.
Néanmoins, concède-t-elle, sanctionner ceux qui vont à l’encontre de cette mesure, servira énormément à l’habitude d’en porter, et au fil du temps, le porter sera encré dans les priorités des usagers des transports en commun, sans toutefois passer par les sanctions. Son seul souci: La pérennité du contrôle.
La rigueur, pas que pour les masques
Le lavage fréquent des mains étant l’un des meilleurs moyens de se prévenir contre la Covid-19, au niveau des parkings, le constat est que, peu de passagers se dirigent vers les points de lavage des mains avant d’entrer dans les bus.
Au niveau du parking des bus desservant les quartiers du nord de Bujumbura, les points d’eau sont bien placés, et des pièces du savon «Bururu» sont sur les couvertures des cuves d’eau. Mais, à l’exception près, les passagers se dirigent directement vers les bus, peu y passent pour se désinfecter. Les convoyeurs, qui rappelaient à chaque client de bien faire le geste avant d’entrer au bus, ne le font plus. «Actuellement, eux aussi sont entrés dans le business des masques. Tu trouveras des fois que la main gauche peut contenir à la fois l’argent pour échanger, et les masques pour ses clients moyennant une certaine somme. Ils ne prennent plus soin d’exiger le lavage des mains, ce qui est pourtant la mesure barrière la plus pertinente », s’’indigne une passagère.
Pour elle, il serait judicieux de refaire la sensibilisation massive, une grande campagne comme celle faite lors des premiers cas sur le sol burundais, car, selon elle, ce relâchement ne fera qu’aggraver la situation, et les risques pourraient coûter énormément.