Situé à quelques encablures de la localité de Gihanga, le CDS de Murira a su être un vrai ‘’Ami des Jeunes’’. Il est devenu comme une petite voix qui murmure à oreille des jeunes. Et les résultats sont là : les jeunes qui sollicitent ses services sont passés de 8 à 20 % depuis le début de Menyumenyeshe, Pourquoi et comment ? Vénice Ndihokubwayo, Technicienne de Promotion de la Santé (TPS) nous en parle.
‘’Muganga wonfasha iki ?’’ (En quoi peux-tu m’aider ?) Voilà la phrase fétiche que la TPS Vénice ne se lasse plus d’entendre de la bouche des jeunes. Ils n’ont plus honte de venir lui parler de leurs petits problèmes de santé. Vénice n’est pas une infirmière comme on a l’habitude d’en voir . Elle est devenue leur conseillère, leur amie, mieux : leur confidente.
Dans ce climat chaud de la vaste plaine de l’Imbo où, paraît-il, le FBu est facile à attraper, ce qui n’est pas de nature à calmer la fougue des jeunes et leurs turpitudes, c’est facile de sortir du droit chemin et de s’attirer des ennuis. Tout cela TPS Vénice le sait bien. Certains viennent pour consulter quand ils ont attrapé un bobo, d’autres viennent pour les séances de sensibilisation. Il y en a aussi qui viennent pour le dépistage du Sida. A ce propos, TPS Vénice fait savoir que le taux de dépistage des jeunes est passé de 12 à 21% de 2018 (début de Menyumenyeshe) à 2020. Bien d’autres jeunes viennent simplement pour un contraceptif. Au CDSAJ Murira, ils sont souvent en rupture de stock des préservatifs, tellement les jeunes y ont recours. Pourquoi sont-ils si nombreux à fréquenter le centre de santé ?
‘’Ce que tu fais pour moi sans moi, tu le fais contre moi’’.
Voilà le leitmotiv qui guide l’action de cette professionnelle de santé que les jeunes de Gihanga n’ont plus peur de tutoyer. ‘’Souvent je leur rends visite sans autre motif que de discuter à bâton rompu avec eux’’, indique-t-elle avant d’ajouter que bien souvent, aider les jeunes se résumer à les écouter. Elle insiste : ‘’bien les écouter’’. La TPS de Murira est convaincue c’est cela la clé de voute du succès de son centre de santé auprès des jeunes. Elle reconnaît aussi que c’est grâce à Menyumenyeshe qui a su leurs fournir les bons outils. Et de préciser sa pensée : « Ce n’est pas seulement la sensibilisation, la prévention et le traitement curatif. C’est en les écoutant attentivement qu’on a pu juguler les cas de grossesses en milieu scolaire par exemple qui sont passée de 24 à 3 (moyenne par année scolaire) au Lycée de Gihanga sur la période allant de 2018 à 2020’’.
Et la clé pour gagner la confiance des jeunes ?
‘’Tu les mets en confiance et tu te débrouilles pour leur montrer que tu es accessible à n’importe quelle heure de la journée’’, répond-t-elle du tic au tac. C’est comme ça qu’on peut leur venir en aide efficacement, selon notre TPS. A ce propos, elle reconnaît que les Jeunes Volontaires de Menyumenyeshe font un travail formidable, eux qui servent souvent de pont entre les TPS et les jeunes.
Un cas dont TPS Vénice est particulièrement fière ?
TPS Vénice raconte : ‘’Une enfant du Village II de la 6ème année primaire est tombé enceinte. C’est un commerçant qui l’avait engrossée. Un pair éducateur l’a amenée. J’ai trouvé les bons mots pour lui parler. Plus tard, avec son accord, je suis partie voir ses parents à qui j’ai sereinement expliqué comment réagir pour ne pas traumatiser la petite fille. Maintenant ce sont ses parents qui l’amènent pour le suivi de l’évolution de la grossesse. Je suis particulièrement fier de ce cas. C’est gratifiant de voir que la jeune fille se porte bien’’
Prévenir les brebis des loups et des hyènes, mais pas que ça !
La sensibilisation des jeunes est entrain de porter ses fruits mais quand la sensibilisation échoue chez certains, il faut prévoir le traitement. Cela Menyumenyeshe le fait bien, selon TPS Vénice. Elle va plus loin en utilisant une parabole: « C’est bien de prévenir les brebis (les jeunes dans notre cas) contre les loups et les hyènes (ceux qui profitent des jeunes). Mais il serait intéressant de dresser les loups et les hyènes pour qu’ils cessent de s’attaquer aux brebis ». Pour ceux qui ont besoin de dessin pour comprendre, elle indique que si Menyumenyeshe porte des fruits auprès des jeunes, les résultats seraient encore plus intéressants si le projet s’adressait aussi aux adultes. Et vous, qu’en pensez-vous ?