Les origines modestes, la non-scolarité et l’indigence n’ont pas empêché cet agri-éleveur de la commune Bugendana en province Gitega de devenir millionnaire … grâce à l’élevage des poules.
C’est en 1996 que Nzokirantevye eut l’idée de débuter l’élevage des poules. De 30 poussins, le poulailler abrite aujourd’hui 5.000 poules. L’affaire, suffisamment rentable. Non seulement, il fournit les grands hôtels de luxe en viande de poulet, mais il vend aussi autour de 10.000 œufs par semaine. Autres points à souligner : l’activité lui a permis de s’acheter une voiture d’une valeur de 41 millions Fbu qui lui facilite la tâche, s’est construit une maison moderne, et ses enfants sont tous scolarisés.
A côté de l’élevage de poules, il s’est lancé dans l’agriculture. Tout semble lui réussir. Exemple : avec 1,5T de pommes de terre et 100 Kg de haricots de semences pour une seule saison culturale, il indique récolter près de 15T.
Un business bénéfique pour toute la communauté
« A certains, je donne du bétail, à part qu’ils profitent de son fumier. Et toujours, nous partageons avec les bénéficiaires les profits qui en découlent. A la longue, ceux-ci peuvent devenir alors des éleveurs autonomes. Les autres profitent de la revente des œufs qu’ils achètent à bas prix chez moi et du travail », précise fièrement Nzokirantevye.
Ce n’est pas tout. Pendant les périodes de fête ou de famine, Nzokirantevye donne de sa propre poche pour assister les pauvres de sa communauté. Il soutient financièrement les malades pour payer les frais médicaux. « J’ai vécu une vie de misère, je sais combien c’est douloureux. C’est pourquoi je les assiste. »
Les défis ne manquent pas …
Malgré tout le succès, le cinquantenaire connaît quelques défis, surtout en lien avec les poules importées qui inonde le marché burundais. « Nous enregistrons des pertes énormes. Par exemple, une poule locale de 10.000 Fbu, se vend à 8.500 Fbu si elle est importée [de poids égal]. »
Du coup, une poule, au départ dédié à la consommation, et qui ne devrait pas dépasser trois mois dans le poulailler, par manque de clients, elle n’est pas écoulée. « Ceci entraîne des charges alimentaires supplémentaires, alors que la poule n’est plus à même d’augmenter son poids. Pire, pour celle qui dépasse 4Kg, on a du mal à trouver preneur à cause de son prix élevé. »
Et de demander à l’état d’envisager des mesures de protection des éleveurs locaux contre la concurrence étrangère. « En plus de cela, la création des centres spécialisés pour la conservation et le commerce de la viande de poule dans des conditions qui garantiraient un climat qui rassure les opérateurs, est plus que nécessaire. »
Dans le cadre du projet « Tuyage » financé par l’USAID, le Magazine Jimbere s’associe avec Search For Common Ground au Burundi (partenaire de mise en œuvre du projet) dans la production d’une série d’articles économiques
Traduit en français par Liévin Niyogusenga