Les enseignements de Menyenyumenyeshe ne se cantonnent pas dans le cadre du projet, c’est-à-dire les Clubs de Santé (C.S) ou les Groupe de Solidarité (G.S), etc. Au contraire, dans la vie courante certains y puisent la conviction et la force nécessaire pour aider les voisins, les amis, les condisciples, etc. Voici l’histoire touchante de Colise du Lycée Communal de Kayokwe qui a sauvé une condisciple de la prostitution et l’a remise sur le chemin de l’école. Et elle en a reçu une récompense de la part de son père !
« C’est une amie que j’aime vraiment. Je savais qu’elle vendait ses charmes. Quand j’ai rejoint le C.S de l’école avec Menyumenyeshe, j’ai enfin trouvé les bons mots pour l’aider. Si je n’avais rien fait pour elle, elle aurait sans doute mal fini. Elle ne faisait pas partie du C.S qu’elle critiquait d’ailleurs car elle trouvait qu’on parlait des obscénités ». C’est ainsi que la jeune Colyse, taille élance, teint noir, élève en 9ème année, a commencé son récit quand nous lui avons demandé comment, en dehors du cadre des activités classiques de Menyumenyeshe, elle avait déjà utilisé les enseignements reçu de ce projet.
Après la pluie, le bon temps
Face à tant de réticences, Colyse n’a pas désarmée. Elle raconte : « C’était difficile au début. Elle me demandait où elle allait tirer le ‘’cotex’’ (serviette hygiénique), le lait de la peau et le fond de teint si elle ne voyait plus ses ‘’copains’’ qui les lui achetaient. L’autre problème est qu’elle aimait boire de l’alcool. Il arrivait que moi et une autre amie à elle on se cotise pour lui donner de l’argent afin qu’elle aille s’acheter de la bière sans recourir aux garçons. Quand elle a vu les efforts qu’on fournissait pour elle, elle a commencé à changer ».
« Elle a changé et a abandonné ses mauvaises habitudes. Elle a tellement changé que son père l’a constaté. Je ne sais pas comment il a su que c’est moi qui l’ai aidé mais un jour il m’a invité, moi et sa fille au cabaret et nous a dit de consommer tout ce qu’on voulait. Il m’a ensuite remercié et a dit à sa fille d’être forte et de continuer sur la même voie. Cela nous a fait du bien. Maintenant tout va bien à l’école comme à la maison », récite Colyse avec un enthousiasme apparent.
‘’Personnellement ils m’ont construite’’
Colyse n’utilise pas seulement les enseignements reçus de Menyumenyeshe pour les autres. « Personnellement, ils m’ont aussi construite », déclare-t-elle avec conviction. Et pour étayer ses dires elle avoue qu’en tant qu’adolescente, elle a pu maîtriser les changements de son corps dont la poussée de poils pubiens et ceux des aisselles qui peuvent gêner ou angoisser les jeunes filles pubères. En ce qui concerne les menstruations par exemple, elle affirme que maintenant elle demande aisément et sans honte les serviettes hygiéniques à sa mère. Elle pense même que si sa mère était absente elle pourrait demander à son père, ce qui n’est pas encore arrivé, a-t-elle tenu à préciser. Cela est important à ses yeux car, elle souligne le fait que les filles qui ne peuvent pas en parler à leurs parents sont obligées d’utiliser des tissus pas toujours propres ou d’aller demander aux garçons/hommes qui peuvent leur donner de l’argent. Mais cela est rarement gratuit car ils leur demandent des faveurs en retours, rappelle la jeune élève du Lycée Communal Kayokwe.
Pour elle c’est donc important que les filles sachent parler à leurs parents de ce genre de choses.