48. Le nombre d’années qu’aura attendu le Burundi pour participer à la phase finale de la CAN. Après un match nul contre le Gabon de Pierre Emerick Aubameyang, transparent au Stade Prince Louis, pour la première fois les couleurs nationales flotteront dans ce grand rendez-vous continental pour sa 32ème édition qui débute juin prochain.
23 mars 2019 : une date à marquer d’une pierre blanche pour les amateurs du ballon rond au Burundi. L’histoire rappelle que la page était déjà ouverte en 1973, lorsque le Burundi Sport Dynamic fût le premier club de football burundais à participer dans une compétition de la CAF, la Coupe des Champions africaine. Il sera éliminé au premier tour par Aiglo Cara de Brazzaville.
La qualification des Intamba rappelle également les exploits de Vital’o en 1992 : le club avait représenté le Burundi en Coupe d’Afrique des vainqueurs. Elle sera battue en finale par l’Africa Sport d’Abidjan. Aussi, en 1995, les Intamba junior iront jusqu’en finale de la CAN Junior, face au Cameroun (0-4). A cette époque, le Burundi validera également son ticket pour la Coupe du Monde des moins de 20 ans.
Les signes avant-coureurs de la victoire
Le petit matin de la journée de ce samedi augurait déjà une victoire. Tout le pays, surtout la capitale économique où se tenait ce choc contre le Gabon, était en feu quant à l’issu de cet évènement inédit. Venus des 4 coins du pays, des milliers de supporteurs de l’équipe nationale s’étaient donné rendez-vous dans les rues de Bujumbura pour accompagner les Intamba dans leur voyage vers le sacre.
Pour un stade d’une capacité d’accueil de 10.000 places assises, la FFB avait prévu 9.500 tickets. Mais à 10h du matin, heure de Bujumbura, impossible de trouver un seul ticket encore disponible dans les différents points de vente prévus pour l’occasion. Pour un match qui débutait à 15h, le stade était plein à craquer à 13h. Bientôt l’ingoma retentissait sous les ovations du public orné des mêmes couleurs : le blanc, le rouge et le vert nationaux.
Les 90 minutes cruciales de la rencontre
15h : coup d’envoi de la rencontre. Les Panthères gabonaises ultra-déterminés vont imposer leur jeu durant les premières 10 minutes. Plusieurs actions dangereuses seront menées par Denis Bouanga sur l’aile gauche et auront failli mettre tôt en difficulté les Intamba.
Beaucoup de ballons se perdaient dans le milieu du terrain burundais et surtout sur l’aile gauche. Pression du match ? Vraisemblablement. Le sélectionneur du Burundi, Alain Olivier Niyungeko (« Mutombola »), ne voulant pas céder à la domination, opta pour un jeu ouvert et offensif, qui conditionnera les Panthères à se replier dans leur camp.
Une tactique qui a porté ses fruits: à la 13ème minute de jeu, Saido Berahino lance un tir chirurgical qui marque le changement de tactique des adversaires du jour. La médiane burundaise commence à se construire autour de leur numéro 10, Shassir Nahimana, hier à son meilleur niveau. Après, le match sera plus ou moins équilibré avec une légère domination du pays hôte. La première mi-temps va se solder sur une parité nulle et vierge.
Du retour des vestiaires, les Intamba étaient plus déterminés. 49ème minute de jeu : Berahino rate de peu un but (par tête) sur une passe du capitaine Karim Nizigiyimana. L’entrée en jeu d’Axel Meye Me Ndong remplaçant de Bouanga va réveiller les Panthères. Ce dernier menacera à plusieurs reprises le camp adverse mais il sera toujours heurté à l’infranchissable défense axiale de Frédéric Nsabiyumva et Omar.
A la 75e minute, par un bon jeu de combinaison initié dès leur camp, les Hirondelles ouvrent le score par un boulet de Cédric Amissi tiré d’un angle. Le stade va s’enflammer de joie, hélas pour 5 minutes. À la 81ème minute, le défenseur central Ngando, sur un mauvais contrôle de ballon d’un puissant tir de Didier Ibrahim Ndong trompe le gardien Jonathan Nahimana. Le Gabon égalise.
Les 10 dernières minutes deviendront le calvaire pour les poulains de « Mutombola ». Avant que ne sonne la délivrance à la 93e minute, l’arbitre siffle la fin de la rencontre au grand soulagement des Intamba, des milliers de supporteurs qui hurlent, s’embrassent, dansent… La nation entière nage dans une immense clameur de joie : le Burundi est qualifié pour la première fois de son histoire pour la phase finale de la CAN.
Burundi, une surprise
Désillusion totale pour les Gabonais face à une équipe burundaise qu’on n’espérait pas voir à l’échelle continentale. Dès le début des éliminatoires, personne ne s’attendait à ce qu’elle livre de très bons matchs et se retrouve à ce (haut) niveau. Dans le groupe C, le Mali, le Gabon et le Sud Soudan, le Burundi (10 points) a enchaîné une série de 6 matchs sans défaite.
Au cours de ce match qualificatif, les Intamba, et surtout les deux défenseurs centraux, Nsabiyumva et Ngando, n’ont pas tremblé face aux assauts gabonais sous l’égide du canonnier Pierre Emerick Aubameyang, attaquant vedette d’Arsenal, qui aura été fantomatique tout au long de la rencontre.