Lancée le 16 septembre dernier, la nouvelle année scolaire semble mal partie, plusieurs écoles étant confrontées au manque criant de bancs pupitres, d’enseignants au primaire qu’au secondaire sans parler du matériel didactique en général et des livres en particulier. Côté ministère, l’on tente de rassurer. Reportage
Lundi 16 septembre 2024. Des journalistes du Magazine Jimbere font le tour de quelques écoles de la ville de Bujumbura. Au Lycée du Lac Tanganyika, les activités se déroulent normalement. Enseignants et élèves sont présents sauf quelques élèves signalés absents : surtout les nouveaux à cette école, fait savoir Laurent Nkengurutse, Directeur de l’école. Au Lycée d’Excellence de Ngagara, sur 460 élèves, seuls 340 sont présents au premier jour.
Pour Laurent Nkengurutse, au-delà de ces retards, quelques défis se posent déjà, notamment ceux liés au manque des manuels scolaires : « Même si le ministère a tout fait pour mettre à notre disposition les livres de 7ème, 8ème et 9èmeannées, nous manquons encore des livres des cours des sciences et technologies, et mathématiques en 9ème . »
A ce propos, Hermenegilde Burikukiye, Secrétaire Permanent au Ministère de l’éducation nationale fait savoir que les livres dans les classes de 7ème, 8ème et 9ème années ne causent pas beaucoup de problèmes : « C’est dans ces classes qu’il y a eu des réformes et les livres d’élève avaient été confectionnés en grand nombre. » Et de reconnaître seulement un vieillissement de certains de ces livres.
Au-delà des retards, des défis
Concernant les livres pour les filières Scientifiques, Hermenegilde Burikukiye reconnait également qu’ils ne sont pas encore suffisants contrairement aux filières Langues où le processus de distribution est terminé.
Même constant quant au matériel didactique utilisé à l’enseignement technique : « Il y a eu une régression en matière de matériel et chaque fois que nous rencontrons les partenaires dans ce secteur, nous leur demandons toujours d’appuyer l’Enseignement technique. » Et de remercier Enabel pour avoir entendu cet appel et aidé le Ministère dans ce secteur.
L’autre défi et non des moindres est l’insuffisance d’enseignants. Didace Nzabampema, préfet des études au Lycée d’Excellence de Ngagara indique qu’à leur école, plusieurs enseignants sont partis à la retraite, d’autres se sont vus confiés d’autres fonctions par l’Etat et n’ont pas été remplacés : « Pour le moment, nous faisons appel aux vacataires. Nous avons 40 enseignants et avons besoin de quatre autres supplémentaires. »
En provinces, la situation est presque similaire. A Kayanza, Juvénal Mbonihankuye, Directeur Provincial de l’Education fait savoir qu’au moins 21 mille bancs pupitres, 800 enseignants sont nécessaires pour couvrir les problèmes récurrents que rencontrent les écoles dans cette province : « Tous les bancs pupitres ne peuvent pas être disponibles au même moment. Nous comptons résoudre ce problème petit à petit car des efforts sont en train d’être menés par le Ministère de l’éducation. »
Sur ce point, le Secrétaire Permanent au Ministère de l’Éducation signale qu’il est prévu un recrutement de 600 enseignants conformément au budget annuel et en tenant compte de la nouvelle politique salariale. Quant au problème des bancs pupitres, il interpelle les partenaires dans le développement et dans le secteur de l’éducation d’apporter leur pierre à l’édifice pour que les apprenants aient des bancs pupitres suffisants.
Lors de l’ouverture de l’année scolaire 2024-2025 en province Rumonge, le Ministre en charge de l’Éducation François Havyarimana a promis beaucoup de choses aux écoles, dont l’augmentation des manuels scolaires pour garantir une excellente éducation aux élèves et le réaménagement des écoles qui, pour la plupart sont veilles, les véhicules pour les écoles à régime d’internat, …
Quid des spéculations financières qui touchent les parents ?
Pour les autorités du Ministère de tutelle, la loi est claire lorsqu’il s’agit de la participation des parents dans le fonctionnement des écoles.
Pour les enseignants vacataires, c’est-à-dire les enseignants à temps plein dans une école et qui vont appuyer les classes des autres établissements, « ces derniers bénéficient d’un salaire fixé à cet effet par le Ministère au prorata des heures supplémentaires prestées. Il en est de même pour les autres fonctionnaires qui appuient dans l’enseignement », précise Hermenegilde Burikukiye.
En outre, dans l’Ordonnance ministérielle de 2019-2020, il est bien mentionné que les responsables des établissements scolaires doivent s’entendre avec les parents au cas où ils voudraient qu’il y ait une participation quelconque des parents, autre que celle prévue par l’État. Dans ce cas, ils doivent s’adresser au Directeur Provincial de l’Enseignement qui lui-même s’adresse au Ministre pour permettre à ces directeurs d’école de revoir à la hausse les frais, « Si cela n’est pas respecté, les parents peuvent s’adresser aux autorités de tutelle pour que ces agissements ne continuent pas. Au mieux, ils doivent participer dans des assemblées générales des écoles pour refuser des mesures qu’ils jugent non conformes à la loi ou arbitraires », réitère-t-il.
Pour lui, les parents jouent aussi un rôle important dans l’éducation de leurs enfants. Ils doivent aider dans la bonne marche des enseignements de leurs enfants. Sauf que tout doit passer par la concertation entre les parties prenantes pour que ces parents ne puissent pas être surchargés.
Le salaire des enseignants vacataires est toujours débloqué par le Ministère. Le budget de l’État 2024-2025 prévoit pour les vacataires une somme de 150 000 000 BIF.