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Pascasie, celle qui a terrassé les boissons prohibées

Pascasie Hicuburundi a contribué énormément dans la lutte contre les boissons prohibées qui devenaient légion dans la zone Ruyigi, il y a de cela une dizaine d’années. Une détermination motivée par les cas de viols qui s’enregistraient à cause de ces breuvages.

Elle parait timide. Très timide. Mais ce n’est pas cela, c’est de la sagesse. Elle écoute et met du temps pour réagir. «C’est mon caractère naturel. Je suis calme», explique-t-elle.

Effectivement, son enfance y est pour quelque chose. Pascasie Hicuburundi est né à Ruhwago en 1961 et elle est enfant unique. Pour avoir de la compagnie, elle devait aller chez les voisins. «La plupart du temps j’étais seule. Du coup, je ne faisais que travailler, sans trop parler».

Elle fréquentera l’école primaire mais après la 6ème année, ses parents décidèrent que cela était suffisant. N’en revenant pas, elle passera plusieurs semaines à pleurer. À plusieurs reprises, avoue-t-elle, l’idée de se suicider lui viendra en tête. Elle parviendra à noyer son chagrin dans les travaux champêtres, et finit par épouser Emmanuel Ncumugani à 18 ans.

L’appui aux femmes en détresse

En  2000, Pascasie, mûre de ses expériences de vie, analyse la situation des femmes malmenées dans sa localité,  les viols conjugaux, les femmes battues, chassées…elle décide de donner de son temps pour aider ses comparses. «J’allais écouter attentivement et séparément les couples, puis je les ramenais ensemble pour qu’on essaie de trouver une solution les avantageant  tous les deux et pour le bien des enfants. Et plusieurs cas ont réussi», affirme-t-elle.

Mais traiter la solution en aval sans s’y atteler en amont n’était pas très efficace, car selon Pascasie, tous ces maux provenaient des boissons prohibées. Il fallait donc combattre ces derniers :  « Les hommes étaient méconnaissables. Ceux qui buvaient «Umuraha» ne pouvaient plus se rendre utiles. C’est eux qui revenaient violer nos enfants. » 

La situation dégénérait de jour en jour. En 2008, 5 jeunes filles, dont une petite de 4 ans étaient violées, puis une vieille femme de 68 ans. Le pire, nous dit Pascasie, les auteurs de ces crimes,  si tôt capturés, étaient relâchés après quelques mois et revenaient menacer ceux qui les avaient dénoncés.

Pour changer les choses, Pascasie décidera plus tard de se faire élire. En 2015, elle devient cheffe de zone Ruyigi. «Nous étions 6 en lice. Les autres ont donné des pots de vins pour qu’on les élise. Je ne pouvais pas m’offrir ce luxe». Heureusement, ses exploits ont eu le dessus. Elle a surpassé de 58 voix son rival.

Elle va alors organiser beaucoup de réunions pour sensibiliser et lutter avec acharnement contre les boissons prohibées. Quant aux violeurs, ils étaient humiliés, et à leur sortie de prison, ils étaient rejetés par la société.  «Ils ont été obligés de fuir vers la Tanzanie car leur place n’est plus ici désormais», se réjouit-elle.

Actuellement, Pascasie se focalise sur la reconstruction des routes et des ponts à l’instar du pont de Sanzu remis en bonne état, ainsi que les routes de Ruhwago et Buruhukiro.

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