Que les hommes considèrent les femmes comme leurs égales, voilà ce qui paraît improbable au Burundi, pour l’instant. Quand bien même certains hommes soutiennent les femmes dans la marche vers leur autonomisation, force est de constater que celle-ci n’a pas encore trouvé écho dans la gent masculine.
Aussi longtemps que l’homme qui écoute, ou fait les travaux ménagers avec sa femme sera la risée de ses pairs masculins, la femme burundaise ne sera pas entièrement émancipée. Au moment où le monde célèbre la Journée internationale de la femme, le verdict des chiffres en la matière est sans appel au Burundi. Si la constitution attribue à la femme au moins 30% de participation dans les instances politiques, alors que la femme représente plus de 51% de la population, le taux de participation de la femme dans les organes de prise de décision quant à lui reste très faible, soit 6% au niveau collinaire, sans parler de leur accès très réduit à la propriété foncière et la confiscation des droits patrimoniaux.
Et pourtant la femme est aussi capable de diriger, d’orienter la bonne marche des affaires dans la famille et dans la communauté au même titre que les hommes. On ne peut pas trouver plus éloquent sur ce point que le cas des familles nourries et portées par des femmes veuves et qui sont nombreuses dans notre pays tenant compte des crises qui ont emporté plusieurs pères de familles. Pour reprendre Simone de Beauvoir ː « La femme n’est victime d’aucune mystérieuse fatalitéː il ne faut pas conclure que ses ovaires la condamnent à vivre éternellement à genoux ». Mais aussi de bons exemples ne manquent pas.
Par exemple, quel plaisir à Giheta, quand des hommes témoignent haut la main, sans vergognes, que depuis qu’ils laissent leurs femmes participer dans la vie de la communauté leurs foyers se portent de mieux en mieux. Tout est donc possibleː redéfinir les règles de jeu, donner à la femme la place qu’elle mérite dans la société, leur ouvrir l’espace politique. Mais la bataille de l’émancipation de la femme doit commencer par la bataille de l’émancipation de notre jugement, de notre regard à l’égard de celle-ci.
Que ces mots d’Oxmo Puccino demeurent à jamais la règle d’or avec laquelle on élèvera nos fils. « Si tu sais soutenir sans vouloir dominer (…), si tu es capable de regarder une femme sans qu’elle n’ait à craindre ton regard (…), si au lieu de t’emporter tu sais respecter, écouter, changer (…), si tu te bats partout contre l’inégalité et la violence (…), alors, ce jour-là, tu seras vraiment un homme mon fils ».