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« La carte de l’acidité des sols burundais doit s’étendre à tout le territoire national »

Ce mardi 12/11/2019 à City Hill Hôtel, l’Isabu tenait un atelier de restitution de l’élaboration des cartes d’acidité des sols du Burundi. 1.716 points d’échantillon ont été ciblés dans 14 communes de 6 provinces (Bubanza, Bujumbura, Cibitoke, Makamba, Muyinga et Rumonge).

« La forte pression démographique sur les terres agricoles souvent à fortes pentes augmente la détérioration des éléments nutritifs par les cultures et leurs susceptibilité à l’érosion, ce qui aboutit à terme à l’acidification des sols » a précisé Tharcisse Gahungu, Directeur Général de l’Isabu dans son allocution d’ouverture. « Cela étant, alors que l’acidification constitue un vrai défi à la productivité de l’agriculture burundaise, il y a des sols étudiés acides avec une teneur en ph inférieure à 4, alors que la teneur désirable est comprise entre 4,5 et 9 ».

C’est donc dans l’optique d’informer les fermiers sur la teneur en ph de leur propriétés et les quantités de chaux à appliquer afin d’assurer une productivité optimale à leurs sols que l’Isabu, appuyé par Oxfam dans le cadre du Projet d’appui à la productivité agricole du Burundi (PAPAB), a élaboré les cartes d’acidité des sols dans 14 communes de 6 provinces. « Le travail consistait à cibler les sols dominants dans ces différentes provinces, prendre des échantillons et procéder à leur analyse au laboratoire Soilcares logé à l’Isabu, déterminer les classes d’acidité et réaliser des cartes pour améliorer la lisibilité de celles-ci. D’autres éléments ont été ajoutés comme le réseau routier et hydrographique » a notifié Ir Sinzinkayo Joram, membre de l’équipe qui a effectué ce travail

Au total 1.716 points d’échantillons ont été visités, c’est à dire 33 échantillons par colline en moyenne: « On a constaté que les agriculteurs recourent souvent à des engrais chimiques, ceux-ci pouvant accentuer l’acidité des sols. Le Burundi possède pourtant plus de 602 millions de tonnes de roches dormitiques de chaux pouvant être utilises pendant 400 ans. Cela va fournir une référence de grande importance dans la gestion de la fertilité des sols et par ricochet, dans la lutte contre la malnutrition.» a fait savoir Bernard Habonimana, Directeur des services d’appui à la recherche de l’Isabu.

Un travail qui accuse quelques manquements

Au terme de cet atelier, l’audience a salué l’initiative mais a émis quelques observations. En urgence, l’extension de la recherche à toute l’étendue du territoire national.

L’audience a aussi soulevé quelques inquiétudes par rapport à la catégorisation des sols, en trois strates (0-1000kg, 1000-2000kg, 2000-3000kg): « Dire qu’il faut appliquer 1000-2000 kg de chaux sur un sol, c’est vague et confus » s’est plaint un des participants. Et de demander: «Comment ce travail va-t-il bénéficier à l’agriculteur qui, à forte raison, ne sait pas les interpréter et n’a pas de moyens de se les procurer?»

Le Directeur des services d’appui à la recherche de l’Isabu a rassuré en soulignant que ces cartes aideront les moniteurs agricoles, qui vont à leur tour orienter les agriculteurs dans leur travail.

Rappelons que sur le marché un sac de 50 kg de chaux coûte 5.000 FBu.

Pourquoi corriger l’acidité des sols ? | Un sol acide se caractérise par une faible activité des micro-organismes souterrains, le blocage de l’assimilation par les plantes de certains éléments nutritifs ainsi qu’une croissance perturbée car l’aluminium libéré par un sol acide limite le développement racinaire et les éléments utiles à la croissance comme le phosphore, le magnésium et le potassium deviennent inaccessibles à la plante. L’acidification des sols peut s’expliquer par différentes causes comme l’activité biologique des plantes ou encore le lessivage et l’érosion des sols, qu’il faut corriger par le chaulage (application de la chaux sur un sol). C’est un procédé qui permet à la terre de devenir plus légère et plus fertile en compensant le manque de calcium. Il favorise la décomposition des matières organiques en humus. Son action améliore la qualité physique des sols : le sol devient aussi plus facile à cultiver. Il désinfecte aussi les sols en empêchant la prolifération des champignons, mousses, insectes et maladies.

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