Le saignement nasal pour les profanes ou « épistaxis » pour les spécialistes est une hémorragie souvent bénigne, mais qui peut être dangereuse si elle est négligée. Dr Sixte Nderagakura, du service d’ORL au CHUK (Centre Hospitalo Universitaire de Kamenge) nous en parle.
« Cette hémorragie peut être le signe révélateur d’une maladie méconnue, une simple manifestation ou la complication d’une maladie connue. Elle peut être aussi essentielle, c’est-à-dire une « maladie à elle toute seule », indique Dr Sixte.
Un peu d’explications…
Comme l’indique ce professionnel de santé, la muqueuse qui tapisse les parois est abondamment vascularisée par des artères et des veines très fines et fragiles, notamment au niveau de la tache vasculaire. Elles sont facilement lésées par de multiples causes. Une épistaxis est une hémorragie des fosses nasales.
En effet, deux systèmes artériels se rencontrent au niveau de la cloison nasale qui sépare le nez en deux parties. C’est à ce niveau que se trouve ce que l’on appelle « la tache vasculaire », car la quantité des petits vaisseaux y est très importante.
Selon le docteur, l’épistaxis peut être bénigne et donc sans gravité quand « le saignement est peu important et surtout antérieur, c’est-à-dire qu’il se fait par la narine. Il n’y a pas de retentissement sur l’état général », indique-t-il.
Cependant…
L’épistaxis peut être inquiétante voire grave du fait de son abondance, de sa répétition ou de son caractère continu. Elle est souvent simultanée (des deux côtés), avec un écoulement antérieur et postérieur (par la gorge). Elle peut s’accompagner de signes de gravité : angoisse, agitation, pâleur, pouls rapide, baisse de la tension artérielle…
C’est une des urgences les plus fréquentes en oto-rhino-laryngologie (ORL), fait savoir Dr Sixte.
Quelles sont les causes ?
Le saignement du nez peut avoir une variété de causes, certaines bénignes, d’autres beaucoup plus inquiétantes. Le nez contient de multiples petits vaisseaux sanguins très fragiles, qui saignent donc facilement. Souvent, le fait de toucher ou gratter l’intérieur du nez peut le provoquer. Un choc durant un entraînement sportif, un enfant qui fourre ses doigts dans le nez avec un peu trop de vigueur, une fatigue passagère, les suites d’une chirurgie du nez, la prise de drogues par voie nasale, les crises des sinusites, des troubles de la coagulation, une hypertension artérielle, sont autant de causes d’un écoulement nasal. Toute situation qui provoque une hausse brutale de la tension artérielle peut également être source d’une hémorragie nasale.
Commente arrêter le saignement du nez ?
D’après Dr Nderagakura, contrairement à ce que la majorité des gens fait, il faut éviter de pencher la tête en arrière. Même si cela semble limiter l’écoulement nasal, le sang continue en fait de couler par la gorge. Cela ne résout pas le problème. D’une part, avaler trop de sang entraînera possiblement des problèmes digestifs et, d’autre part, il devient difficile d’estimer la quantité de sang perdue. Il faut pencher légèrement la tête vers l’avant pour éviter que le sang coule dans la gorge, mais garder la tête au-dessus du niveau du cœur.
Ensuite, pour y faire face, le patient doit se moucher doucement afin d’évacuer les caillots sanguins. Puis, il doit pincer les narines pendant une dizaine de minutes, pour permettre au sang de coaguler. De préférence, il faut placer un linge froid sur le nez, et insérer dans le nez des mèches coagulantes. Le saignement terminé, le patient doit éviter de se gratter les narines.
Des complications possibles ?
Les saignements plus graves proviennent généralement des gros vaisseaux sanguins qui se situent au fond du nez. Ils peuvent se déclencher spontanément chez les personnes âgées qui souffrent d’hypertension, de troubles rénaux ou de problèmes de coagulation. Des saignements de nez inexpliqués et fréquents peuvent également être symptomatiques d’une leucémie ou d’une tumeur au nez. Si le patient saigne souvent, ou si les saignements durent plus de 15 minutes, il faut alors consulter un médecin le plus rapidement possible.