La saison sèche, ou plutôt l’été pour les plus branchés approche à petit pas. L’odeur du Fbu se fait déjà sentir mais le tourisme burundais, à l’agonie, risque d’être encore une fois le grand perdant. Le rôle de la jeunesse pour relever le secteur s’avère alors incontournable.
Ce week-end passé, une quinzaine de jeunes, composés essentiellement de photographes et d’autres passionnés de voyages touristiques, menaient une excursion vers le sud du Burundi (Rutana-Bururi), guidés par deux jeunes du staff de l’agence Gisabo Tours, dans le but de découvrir les merveilles que regorgent le pays de Mwezi Gisabo.
L’impatience se lit sur les visages, dès le départ de Bujumbura. Certains n’ont jamais dépassé le tournant de Musaga, menant vers Buhonga. Ils iront même jusqu’à questionner s’il y’aura une petite escale à Bugarama. Les yeux sont braqués vers l’extérieur, contemplant la nature verdâtre au niveau d’Ijenda, jusqu’à supplier le guide de s’arrêter pour contempler les champs de thé, à Mugamba. Ils ne veulent plus redémarrer. Des séances photos à n’en plus finir. Le bon climat devient complice. Cette ambiance s’augmentera, au fur et à mesure qu’ils avancent, jusqu’à Rutana, plus précisément aux chutes de Karera, en zone Shanga de la commune Musongati.
Pour les quinze jeunes, le mot juste est «époustouflant». L’endroit est mythique : le bruit des chutes et celui des oiseaux de la forêt contrastent avec le calme matinal qui les accueille. «De toute ma vie, je n’avais jamais contemplé pareil spectacle. C’est trop beau que je ne le pensais », s’émerveille Anaïs Hashazinka, du groupe de quinze. Des surprises, ils seront encore et encore servit, tant aux failles des Allemands à Nyakazu, aux ponts de liaison reliant les collines Kibinzi et Karibu, toujours à Rutana, ou encore, les eaux thermales de Muhweza, en passant par la pyramide et la source du Nil, à Rutovu en province Bururi.
Sortir du «rien ne va»
Tout émerveillé de voir du sang jeune soucieux de connaître la vraie histoire derrière la pyramide et la source du Nil, Herman, guide du lieu depuis belle lurette, leur expliquera en long et en large l’aventure faite par l’allemand, John Speke, qui érigea la pyramide, en guise de symbole pour la source la plus méridionale du long fleuve d’Afrique, avec ses 6895 km.
Bien que fier de relater avec le plus de précisions et d’exactitude, et ce dans un français bien soigné, le vieux Herman, rabougri par les conditions de vie pas les plus meilleures comparées à ses services et ses connaissances, il déplore l’intérêt porté au secteur touristique : «Dans d’autres pays, chaque opportunité qui pourrait susciter l’enthousiasme aux touristes, n’est pas négligé, ce qui n’est pas le cas chez nous. Autant laisser la gestion aux nouvelles générations émergeantes, pour qu’ils y investissent.»
Pour Dalilah Nimpagaritse, jeune dame passionnée par l’aventure, il est temps que la jeunesse s’active, sorte de la mauvaise routine de ne voir que le négatif et relance certains secteurs. Certes, le tourisme et bien d’autres secteurs d’ailleurs, ne sont pas à leur bon état, concède-t-elle, mais il est possible d’améliorer la situation. Pour ce faire, suggère-t-elle, les jeunes doivent se serrer les coudes, et prendre certaines responsabilités en main : « Au niveau du tourisme, j’inciterais d’abord nos jeunes à connaitre les lieux qui font la beauté du pays, et les faits et histoires derrière. Et après, utiliser le digital pour relayer et faire connaitre au monde entier ce que les lieux touristiques burundais offrent aux visiteurs, tant nationaux qu’étrangers. Cela constituerait une révolution.»
Et aux artistes, Dalilah appelle à la multiplication des œuvres vantant la beauté du pays.