Après plus d’une décennie, le projet de modernisation du port de Bujumbura touche à sa fin. Désormais, il est équipé pour décharger, accueillir des conteneurs de 40 pieds importés via le lac Tanganyika, et réparer les bateaux en panne. Une aubaine pour les importateurs qui verront leurs coûts de transport et leurs délais d’importation réduits.
Sous un grand soleil, le port de Bujumbura vibre au rythme du mouvement des navires, des dockers, des grues, des camions, du personnel du port… Au quai Nord, la petite brise ballote une dizaine de bateaux amarrés. C’est ici, à la croisée des voies maritimes en provenance de la Tanzanie, de la RDC et de la Zambie que les moteurs de grues, géants de la manutention, bourdonnent sur les quais. L’une d’elles déchargent les cargaisons importées par le navire GLC3.
A côté, les dockers chargent les ferrailles sur un navire en esquivant les mouvements des grues et des camions qui circulent dans l’enceinte du port. À proximité, une dizaine de maçons se concentrent sur le terminal à conteneur, l’une des quatre nouvelles infrastructures récemment inaugurées par le Président Evariste Ndayishimiye.
Une nouvelle ère pour le transport lacustre
Selon, Godelieve Nininahazwe, Directeur Général de l’Autorité Maritime et Portuaire du Burundi, ce quai a été construit dans un projet de modernisation du port de Bujumbura : « Il vise à offrir au port des infrastructures modernes qui répondent à l’évolution du trafic sur le lac Tanganyika, aux besoins de manutentions et à l’adaptation aux aléas environnementaux liés au changement climatique », précise-t-elle
Cette autorité portuaire explique que ce projet est financé par un don du peuple japonais pour une enveloppe de plus de 3 milliards de yens japonais, environ 31 millions de dollars américains.
Grâce à ce budget, poursuit-elle, le canal de Buyenzi qui se déversait dans le bassin portuaire a été dévié, le terminal à conteneurs a été construit ainsi que le chantier naval moderne, l’extension et le dragage du port de Bujumbura.
Le quai à conteneur, une aubaine pour les importateurs
D’après Godeliève Nininahazwe, ce projet a équipé le port de Bujumbura d’un tout nouveau quai spécifiquement conçu pour accueillir les navires porte-conteneurs. « Ce nouvel édifice est capable d’accueillir un conteneur de 40 pieds qui pèse 29 tonnes. Nous sommes désormais en mesure de traiter plus de 400 conteneurs par semaine », explique-t-elle.
Un ouf de soulagement pour les transporteurs et les importateurs burundais qui vont bientôt gagner en termes de temps et d’argent. Selon une étude réalisée par Nathan, le transport d’un conteneur de 40 pieds de marchandises depuis Dar-Es-Salaam par le chemin de fer jusqu’à Kigoma, puis jusqu’à Bujumbura via le lac Tanganyika, ne coûtera que 2.403 dollars américains. Toutefois, par voie terrestre, les conteneurs coûtent beaucoup plus cher, à savoir 8.441 dollars américains s’ils partent de Mombasa, et 6.961 dollars s’ils quittent Dar-Es-Salaam.
Par ailleurs, les opérateurs gagneront le temps perdu dans les procédures de dédouanement et de contrôle sur les barrières érigées aux frontières. Avec l’ouverture de ce quai à conteneur, les contrôles et dédouanement se font au port d’embarquement et au port d’arrivée.
Adieu les soucis de réparation des bateaux
En outre, une partie des fonds de projet est allouée à protéger le port. « Nous avons dévié le canal de Buyenzi qui déversait les déchets dans le bassin du port de Bujumbura », soutient la Directeur Général de l’autoritaire portuaire.
Non seulement ces déchets polluaient le bassin mais ils réduisaient également le niveau des eaux à cause de l’entassement des alluvions dans ledit bassin et perturbaient le mouvement des navires. Face à ces enjeux, l’autorité maritime devait effectuer de curages des boues, un travail coûteux et qui perturbait les activités portuaires.
Toutefois, le projet ne s’arrête pas là. Mme Nininahazwe révèle que le transport de marchandises importées via le rail et le lac Tanganyika va se développer grâce au chantier naval construit par ce projet car le port de Bujumbura est désormais équipé pour réparer les navires en panne.
Avant ce projet, explique la gérante du port de Bujumbura, les bateaux burundais en panne se rendaient à le Slipway de Kigoma ou à la cale sèche de Kalemie. « Des fois, le bateau burundais passait dans ces ports deux ans avant d’être réparer », déplore directrice de l’autorité maritime
Bientôt, le carburant sera importé via lac Tanganyika
En plus de son projet récemment achevé, le port de Bujumbura a déjà démarré un nouveau chantier : la réhabilitation du port Bujumbura et de ses voies d’accès. Selon Godelieve Nininahazwe, Directeur Général de l’Autorité Maritime et Portuaire du Burundi, ce projet prévoit la construction d’une digue de 480 mètres pour protéger le quai sud, d’un quai passager pour accueillir les voyageurs et la mise en place d’un quai pétrolier pour stocker les carburants importés via le lac Tanganyika.