Dans les enceintes de l’Université du Burundi se tenait, ce samedi 2 février, une conférence-débat organisée par le club de sociologie de ladite université autour de la thématique du genre dans le contexte burundais.
Une mission: approfondir la réflexion sur les questions sociétales, comme l’a précisé Blaise Izerimana, président de l’association du club de sociologie de l’UB. Du coup, pour ce débat, les profils étaient variés: le Père Adrien Ntabona, sémio-anthropologue mais aussi grand connaisseur de la société traditionnelle burundaise, Laura Sheila Inangoma, comédienne, auteure et activiste ainsi que Lambert Hakuziyaremye, étudiant en mastère de socio-anthropologie.
L’égalité des genres ou l’éternel débat
Pour Lambert, l’égalité des genres est à chercher ailleurs. Il s’inscrit en faux face à celles et ceux qui veulent présenter le fond de cette thématique sur une représentation purement mathématique. « La question est plus complexe. En parlant d’égalité, il faut savoir que cette dernière n’exclue pas l’équité. Donc par égalité, il faut que ça commence en amont en donnant les chances égales aux garçons et aux filles dès la petite enfance au lieu de brandir des quotas en aval », a-t-il souligné.
Quant à Laura Sheilla, elle est revenue sur le discours « réducteur » dont sont souvent sujettes les femmes. Convaincue de la puissance de la gent féminine, la comédienne était bec et ongles contre les clichés et prototypes qui pullulent dans le langage, qui, pour elle, n’est pas moins macho. « Il faut qu’enfin l’on arrête de parler de la femme comme l’éternelle victime. L’on finirait par les garder dans ce prisme. La meilleure façon serait de partager plutôt les succes stories de celles qui se battent. «Cela inspirerait et impacterait positivement.»
Le père Ntabona lui a mis l’accent sur la société traditionnelle et les rapports avec la femme qui font rougir les activistes contemporaines. De la multitude des interdits qui frappaient les femmes sur le tambour en passant par ceux concernant l’«Intahe» (bâton rituel symbolisant la sagesse dans le Burundi traditionnel), l’audience en a appris de cet homme d’Eglise qui n’est pas aussi moins de la science. «Mais le problème est beaucoup plus psycho-social. Il faut que les femmes jouissent de leurs droits. Mais pour cela elles doivent être aussi présentes dans le débat public.»
Pour illustrer ses propos, il a terminé en posant une petite question anecdotique. « Dans cet amphithéâtre presque plein, où l’on parle de condition féminine, combien de femmes sont présentes ? ». Il y’en avait… que trois.