L’IFDC a visité, le 3 décembre dernier, les entreprises de production de dolomie, partenaires dans son Projet ‘‘Pilote Dolomie’’, réalisé grâce au financement de l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas au Burundi. Objectif : évaluer son état d’avancement…
Selon Oscar Nduwimana, chef de ce projet, plus de 30 milles tonnes de dolomie ont été déjà offerts à plus de 78 milles ménages burundais et ont pu restaurer un sol d’une surface de 17.800 ha en vue d’éliminer l’acidité du sol estimé à 73% du sol cultivable au Burundi.
Ce projet pilote dolomie trouve sa genèse aux travaux de cartographie réalisés, mais aussi à l’étude de faisabilité sur la rentabilité de la filière dolomie. Ces 2 études ont montré que 73% des sols burundais à potentialité agricole sont acides.
Ces sols contiennent donc des éléments toxiques notamment l’aluminium, le fer et le manganèse, ce qui ralentit leur activité biologique. De plus, les vers de terre qui permettent la circulation des gaz et de l’eau ne peuvent pas vivre dans ces sols-là. De surcroit, le développement racinaire des plantes devient très faible.
Stratégies du projet pour restaurer le sol
Ce projet visait de résoudre ce problème d’acidité du sol, tout en facilitant les agriculteurs à pouvoir utiliser la dolomie pour restaurer leur sol dans le but de rentabiliser la production agricole. « Dans les activités de ce projet, nous sensibilisons les agriculteurs sur les problèmes de l’acidité du sol. Nous les sensibilisons aussi pour qu’ils sachent que la chaux agricole est une solution pour restaurer ce sol. »
Neuf organisations partenaires à savoir UCODE, Twitezimbere, Jacaranda, Réseau Burundi 2000 plus, Tubura, OAP, INADES, ADISCO et Help Channel Burundi sont sur terrain et sont impliqués pour la sensibilisation de l’usage de la dolomie et son importance. Pour la mise à disponibilité de la dolomie, ce projet collabore avec 6 usines de production de dolomie qui sont entre autres ABGeoscience, Stone Society, Etablissement Jérémie Ngendakumana, FCCO, Itracom Fertilizer et Dolo Production Company.
Quant à IFDC, l’organisation veille à ce que la dolomie produite réponde aux standards, c’est-à-dire la teneur en calcium compris entre 19 et 22%, la teneur en magnésium compris entre 28 et 32%, le PH minimal de 29%, la pureté de 95% au minimum, le taux d’immunité de 2%. La taille de la poudre de dolomie de bonne qualité doit aller de 0,5 à 2 mm car la dolomie qui est très fine agit en premier lieu alors que celle qui ne dépasse pas les 2 mm va agir progressivement, ce qui constitue une bonne gestion sur le plan économique.
Cela va à l’encontre de ceux qui pensent que la dolomie qui est très fine est très efficace, c’est bien elle élargit très rapidement mais elle s’épuise très rapidement. Ce travail de contrôle de qualité est réservé à l’Institut des Sciences Agronomiques au Burundi (ISABU en sigle). Les résultats des échantillons prélevés par ISABU assurent l’accès des agriculteurs à la dolomie de bonne qualité avec un dosage correct.
L’efficacité de la dolomie exige un bon usage. IFDC exige les agriculteurs à utiliser la dolomie un mois avant de semer, au lieu de 2 semaines préconisées, pour qu’elle ait le temps suffisant de corriger le sol. De plus, ils ne devraient pas utiliser seulement la dolomie, mais l’intégrer à l’usage de matières organiques, des semences de haute qualité et des autres fertilisants. Les résultats sont très spectaculaires sur terrain pour les agriculteurs qui observent tous ces conseils, en témoignent ceux qui ont vu leurs rendements fortement augmentés. Les résultats témoignent aussi que la dolomie livrée par ces usines est de bonne qualité.
Sûreté de dolomie
Les agriculteurs ne devraient pas avoir peur lors de l’usage de la dolomie, explique Ernest Ndimwitu, superviseur de l’entreprise Stone Society car elle ne contient pas des produits chimiques qui peuvent provoquer des maladies. « Nous produisons la dolomie dans la pierre, mais ce n’est pas n’importe quelle pierre. Il s’agit du calcaire dolomitique trouvable en province Cibitoke. Cette sorte de pierre comporte le calcium et le magnésium, 2 éléments qui sont capables de restaurer le sol tout en éliminant l’acidité », fait-il savoir. Les études faites montrent que la pierre dite Calcaire Dolomitique est trouvable dans seulement 4 provinces au Burundi notamment Cibitoke, Rutana, Ngozi et Bubanza. De plus, tous ces sites contiennent plus de 120 millions tonnes de dolomie qui peuvent restaurer le sol burundais pendant une centaine d’années.
Défis rencontrés lors de production
M. Ndimwitu a signalé que les problèmes de la coupure d’électricité et la carence du carburant que connait le pays, handicapent la production : « Les machines qui extraient les pierres, les camions qui en transportent et d’autres machines utilisent atour de 1000 litres du carburant. Dans les conditions normales, nous pouvons produire autour de 100 tonnes de dolomie par jour. Mais actuellement, nous produisons à peine 35 tonne à cause de ces problèmes. » Il ajoute que le versement des salaires ne tardent pas car les travailleurs doivent être régulièrement payés même s’ils passent toute la journée en attente du carburant ou d’électricité.
Lui et les responsables d’autres entreprises de production de dolomie exposent les mêmes problèmes. Ils lancent un appel au gouvernement de les autoriser à commander le carburant à la SOPEBU comme il l’a fait pour les entreprises de transport.
La satisfaction d’IFDC
Quant à Nduwimana, la collaboration avec ces entreprises productrices de dolomie importe dans la réalisation des objectifs du projet. Il s’est réjoui : « Nous apprécions vraiment la collaboration avec eux car nous parvenons à avoir la quantité recommandée malgré les défis auxquels ils font face lors de la production. »
Un avantage économique dans le pays par rapport à la production locale de la dolomie : « S’il fallait importer la dolomie, le coût de transport serait très élevé, ce qui va occasionner donc le coût élevé de la dolomie sur me marché. » De plus, alors qu’au Burundi se manifeste la carence des devises exigées pour l’importation des produits, l’accès au produit local ne nécessite pas les devises, mais la monnaie locale, ajoute-t-il. Donc, l’accès local du produit augmente la marge bénéficiaire des agriculteurs en ce sens que le prix devient très réduit par rapport au recours à l’importation.