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Mishiha: des latrines pour booster la production agricole

De la cabine dressée généralement dans un coin reculé de la parcelle à la toilette EcoSan, l’innovation introduite par la Brarudi, depuis 2021, en province Cankuzo améliore non seulement l’hygiène mais booste également la production agricole grâce à l’utilisation des déchets organiques et l’urine comme fertilisants. Gros plan. 

18 août dernier, en commune Mishiha de la province Cankuzo. Une trentaine d’hommes et femmes groupés dans une salle de classe, attendent patiemment une délégation de la Brarudi et de l’AVEDEC (Association Villageoise d’Entraide et de Développement Communautaire) pour le lancement officiel du projet de construction des latrines écologiques. Ils font partie d’un groupe de 40 personnes qui vont bénéficier de ces latrines, le premier groupe à avoir bénéficier de ces toilettes étant composé de 20 personnes. Il est presque 14 heures et l’impatience mélangée à l’excitation se lisent sur certains visages.

Viola Nyandwi, mariée et mère de 4 enfants, de la colline Kaniha se lâche : « Nous ne voulons qu’une chose. Que la Brarudi construise également ces toilettes pour nous. » Et pour cause, explique-t-elle, ses voisins ont eu plus de récoltes qu’elle cette année grâce à l’engrais tiré de ces toilettes écologiques. « Quelqu’un qui ne dépassait jamais 45kg, a dernièrement récolté 400kg. Vous vous imaginez le bénéfice », assène-t-elle

« Vous êtes assis sur du trésor »

Finalement la délégation arrive et les cérémonies commencent. Rémy Ndayishimiye, responsable chargé des relations publiques et du développement durable à la BRARUDI, Nestor Mburente, représentant légal de l’AVEDEC, et Frédéric Ndayisaba, administrateur communal de Mishiha, prennent tour à tour la parole, expliquant à l’assemblée les bienfaits de ces latrines.

Lancé dans le cadre du programme de Heineken intitulé « Brasser un monde meilleur », fait savoir Rémy Ndayishimiye, le projet des toilettes écologiques ou toilettes sèches rentre dans un vaste programme de mise en œuvre des projets en faveur des communautés parmi lesquels des projets d’hygiène, eau et assainissement dont les latrines écologiques EcoSan : « L’objectif de ce projet est d’améliorer les conditions d’hygiène des fermiers tout en générant de l’engrais organique qui contribue à la production agricole. »

Nestor Mburente lance, quant à lui, un clin d’œil à l’assemblée : « Vous êtes assis sur du trésor. Dites-vous que chaque fois que vous utilisez ces toilettes c’est de l’argent que vous générez. »

Frederic Ndayisaba remercie la Brarudi pour son implication dans le développement de la province Cankuzo en général et ledit projet en particulier : « A Mishiha, nous sommes fiers de vos actions comme par exemple, le développement de la culture du sorgho et voilà qu’actuellement vous assistez la population dans l’aménagement de ces toilettes dont les déchets leur serviront d’engrais. Nous vous remercions pour cette initiative. »

Après cette séance, cap vers la parcelle de Francine Sinabajije, infirmière au centre de santé de la colline Kaniha et prochaine bénéficiaire de la latrine écologique pour une petite cérémonie de lancement de cette seconde phase.

Les avantages de ces latrines modernes

Sur place, image à l’appui, Nestor Mburente de l’AVEDEC chargée de la construction de ces latrines et de la formation auprès des bénéficiaires de leurs utilisations, insiste sur le fonctionnement de ces latrines et leur valeur ajoutée : « D’abord ces latrines sont des protecteurs de l’environnement parce qu’elles ne requièrent pas l’utilisation de l’eau. Elles n’abîment donc pas la nappe phréatique. »

De plus poursuit-il, elles ne dégagent pas de mauvaise odeur car construites avec des petites chambres qui accumulent les rayons solaires et ces rayons transforment les odeurs. En outre, conclut-il, ces latrines n’exigent pas beaucoup d’espaces pour la construction.

Concernant l’augmentation de la production, les déchets organiques recueillis sont conservés, transformés en poudre puis utilisés après six mois. Quant aux urines, elles sont recueillies dans leurs entrepôts et conservées pendant 2 à 3 semaines dans un endroit bien couvert. Après, elles sont utilisées au moment opportun : « J’invite tous ceux qui possèdent ces latrines et qui ont des bars de garder très jalousement ces déchets car c’est une richesse. »

Des récoltes exponentielles grâce à ECOSAN

Et cette innovation commence à porter des fruits. Jean Pierre Majambere, habitant la colline Kaniha et l’un des bénéficiaires des toilettes écologiques pour la 1ère phase n’y va pas par quatre chemins. Il précise : « Après l’utilisation de l’urine comme fertilisant, ma production de pomme de terre est passée de 100 à 700 Kg. Cette nouvelle toilette est d’une grande importance pour ma famille mais également pour la communauté toute entière. »

Et de conclure qu’il attend fin novembre pour commencer à utiliser les fèces en fertilisant comme recommandé par les agents de l’AVEDEC : « J’espère voir ma production augmenter encore plus. »

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