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« Manamba en exil », la face cachée de la migration

Roman biographique et d’initiation retraçant le parcours chaotique du jeune Manamba en Europe, son auteur Muhamed El Amin Nibaruta, le présentait ce 6 mars au Centre d’Enseignement des Langues au Burundi dans les enceintes de l’Université du Burundi. Un exercice qu’il compte réitérer dans d’autres universités. Objectif : susciter la jeune génération à faire sienne la problématique migratoire

L’eldorado qu’il s’est tendrement construit de toutes pièces tourne en une vie de bagnard. Croupissant dans un camp de réfugiés, attendant dans un coin perdu de la Norvège le sésame, la carte de séjour qui lui permettrait de vivre légalement dans le si chantée Scandinavie, il voit du jour au lendemain, ses amis embarqués manu militari par la police norvégienne.

Son corps habitué au climat du Burundi subit les ravages du froid de l’hiver du grand Nord. Lui, c’est Muhamed El Amin Nibaruta, un Burundais qui est allé tenter sa chance en Europe et décrocher par tous les moyens les papiers lui permettant d’y résider. Avant de voir les flics débarquer pour le renvoyer à la case départ.

Quelques années plus tard, avec un recul et riche de plusieurs expériences de la vie de migrant, il couche sur papier les errances de Manamba, un héros dans la fleur de l’âge qui vend son taxi pour pouvoir se payer le voyage vers l’Europe, d’où, croit-il dur comme fer, il reviendra en peau d’ex-pauvre. Une médaille rêvée dont il ne verra que le revers.

Y arrivé, il vit en hère. La générosité des âmes charitables qui l’aideraient à s’en sortir se fait longtemps désirer. Sa famille restée au Burundi attend impatiemment les Euros qui se font pourtant rare outre Méditerranée. A court de ruses, le pauvre Manamba est expulsé et revient au bercail plus pauvre qu’il n’en est parti et tentera même de se suicider. La suite, la plume de Nibaruta vous en dévoilera plus.

Un appât à lorgner avec prudence

L’auteur de « Manamba en exil » ne se place pas en donneur de leçons pour critiquer facilement la tentation qui hante les jeunes à avoir des envies d’ailleurs : «  Nos pays font face à plusieurs bouleversements socio-économiques qui peuvent pousser les jeunes à penser à la migration, ce qui est tout à fait naturel car la migration fait partie intégrante de l’histoire de l’humanité », précise-t-il.

Mais faut-il se laisser impressionner par le train de vie des « vacanciers » qui reviennent du vieux continent et construisent des châteaux en Espagne pour un jour se jeter à la mer pour donner vie à nos douces envies ? Telle est la question qui anime son opus à travers les turbulences de son héros. « Ce que nous ignorons de ces compatriotes expatriés qui se la coulent douce ici le temps des vacances est que leur vraie vie en Europe n’est pas toujours aussi reluisante », note-t-il avant d’enfoncer le clou: « Certains viennent grâce à un concours de plusieurs personnes qui cotisent pour eux ».

L’initiative d’écrire ce roman va au de-là d’une simple envie de graphomane possédé par une irrésistible envie d’écrire et jouir du fait d’être lu et publié comme fin en soi. En témoigne une sensibilisation pédagogique qui se fera autour de ce livre dans plusieurs universités afin de susciter la jeune génération à faire sienne la problématique migratoire. «  Il faut toujours que les erreurs des aînés profitent aux plus jeunes pour qu’ils ne les commettent comme les premiers ».

Le roman de Mohamed El Amin Nibaruta fera l’objet d’une caravane de sensibilisation dans les universités publiques et privées sur les méandres de l’immigration et les conséquences pour les jeunes. A travers le Cabinet Manamba, la structure qui porte ce projet, M. Nibaruta envisage des actions d’envergure contre l’immigration comme la construction d’un centre de transit dans la périphérie de la ville de Bujumbura.

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