En juillet dernier, SaCodé ouvrait un nouveau centre communautaire à Buhiga, comprenant un atelier de confection des serviettes hygiéniques réutilisables Agateka. Depuis le 18 octobre, une vingtaine de jeunes filles reçoivent une formation sur les notions de base de couture…
Elles sont jeunes, entre 19 et 27 ans, toutes concentrées sur des machines à coudre, leur futur gagne-pain. Elles apprennent à coudre : « Cela fait près de deux mois qu’elles sont là, et elles s’améliorent du jour au lendemain. Elles savent désormais manier les pédales de la machine, coudre un morceau de tissu et surtout, elles savent les termes techniques du métier, ce qui est très important. Bientôt elles vont passer sur l’étape clé, la confection des serviettes Agateka », explique Isidonie Mukeshimana, formatrice à l’atelier de couture du Centre Communautaire de Buhiga.
La vingtaine de demoiselles bénéficiaires n’ont pas été choisies ni pour leur beauté, ni pour leur intelligence ou leur habilité dans la couture. Elles ont toutes échoué au Concours National de la 9ème année et n’ont pas eu la possibilité de continuer leur cursus scolaire, comme le précise Elysé Niyukuri, chargé du suivi du projet Iterambere à Buhiga : « Ayant stoppé leurs études, elles sont à la portée de plusieurs problèmes. Leurs rêves sont brisés, certaines envisageaient de redevenir de simples cultivatrices, d’autres, et malheureusement la majorité, allaient être à la merci des hommes qui les engrosseraient avant de les fuir ».
Sauvées par la couture
Emmanuel Ndayiragije, coordinateur du centre de Buhiga, abonde dans le même sens : « Oui, elles sont tiraillées de partout. Les motards, les chauffeurs de camions, les professeurs, les élèves… Buhiga est un carrefour commercial mouvementé, d’où les tentations qui s’abattent sur ces jeunes filles dans la pauvreté avec de petites promesses en l’air que leur propose des hommes mal intentionnés.»
D’où leur profil intéressant pour le Centre Communautaire initié par SaCoDé : « Nous nous sommes engagés à leur apprendre la confection des serviettes Agateka comme activité génératrice de revenus, mais également leur apprendre l’hygiène en général, et l’hygiène menstruelle plus particulièrement. Lorsqu’elles auront terminé leur formation, elles vont être engagées au centre et seront régulièrement rémunérées par SaCoDé», explique Emmanuel Ndayiragije.
Du coté des bénéficiaires, le Centre Communautaire est leur seconde chance pour retrouver le bonheur de la vie. Elles sont toutes unanimes sur leur avenir: «Nous sommes chanceuses d’être à ce centre.»
Latifa Kabagabire est l’une d’elles. A 25 ans, elle est déjà mère d’un petit garçon qu’elle a eu avec un homme marié, minier de Muyinga : « C’était en 2013, et j’avais 18 ans, élève en 9ème année. J’ai alors été contrainte d’arrêter l’école. J’y ai retourné en 2017 mais malheureusement, j’ai échoué au Concours national. Ce centre est pour moi une seconde chance que je ne laisserai pas passer.»
Quant à Aline Nimpoza, de la colline Rwingoma, elle a également stoppé les études en 2017 après avoir échoué au Concours national. Elle était rentrée cultiver les terres familiales, pour devoir subvenir à ses besoins. Pour elle, « le centre est non seulement un endroit qui va m’aider financièrement, mais les connaissances sur l’hygiène menstruelle et la santé sexuelle reproductive sont essentielles pour moi et les familles de Buhiga en général. »L
