En déplacement au Burundi pour une série des concerts, le chanteur-auteur compositeur et batteur Jean Pierre Nimbona alias Kidum, a été sans pitié sur une radio locale en décrivant la génération montante d’artistes locaux : des « vauriens la plupart», « qui ne savent rien de la musique sauf passer leur temps dans la débauche et la consommation des stupéfiants » et qui par conséquent « n’évolueront jamais ». La colère est dans l’air, depuis.
«Umechokoza nyuki », tu as réveillé les abeilles… L’expression est la plus exacte pour décrire l’indignation suscitée par les propos de Kidum commentant la scène musicale du Burundi. Le fils de Kinama, au nord de la capitale commerciale du pays, adoubé comme « Doyen de la nouvelle génération de la musique burundaise », et qui évolue au Kenya, fait parler de lui, sur les réseaux sociaux.
Le tollé que sa déclaration a provoqué aurait été plus vigoureux s’il n’y avait eu la brutale et malheureuse disparition du président de l’Amicale des Musiciens du Burundi, décédé à la suite d’une attaque à la machette.
Car « ça ne passe pas, du tout », clament les concernés. Au premier plan desquels les journalistes culturels, qui se sentent « insultés » de savoir qu’ils font la promotion des « vauriens ». Ainsi, Alain Nova Irambona de la Radio Culture : « Un tel langage n’est pas digne à sa carrure. Cher Kidum, tu es l’icône de la musique burundaise dans la sous-région. Personne ne peut le nier, mais traiter tes confrères de consommateurs de drogues et des délinquants, là tu es allé loin. Demande pardon! »
Raphael Nyandwi, lui aussi journaliste de l’événementiel à la radio-TV Salama d’embrayer: « On ne parle pas comme ça sur les micros d’une radio. Au lieu de donner une bonne éducation en tant que l’aîné de la nouvelle génération des artistes musiciens, tu les humilies? Inclines-toi et demandes pardon ».
Et les musiciens cités ne se sont pas tus. En chœur, ils s’insurgent contre les propos de Kidum.
Cédric Bangy, représentant de la coopérative des musiciens du Burundi, dans un long post sur le mur de son compte Facebook est irrité par Kidum: «Je te considérais comme l’icône de la musique burundaise contemporaine, mais après avoir entendu tes propos sur l’une des stations radio de Bujumbura, quand tu as déclaré que la musique burundaise ne tient pas debout, force est de constater que tu n’as jamais reconnu les exploits de Canjo (Amissi), Matata (Christophe), Africa Nova (Rugerinyange) …pour toi toutes ces icônes n’ont rien fait? »
Sat-B, dans une vidéo postée sur sa page Facebook commence par le « respect au grand-frère Kidum », avant d’embrayer sur « les mots indignes utilisés en qualifiant les musiciens de vauriens. Ici je suis à Lacosta Beach (l’endroit le plus huppé et le plus branché pour les chanteurs a Bujumbura, ndlr). Je suis avec ce petit garçon, que j’appelle Futur car il est l’avenir. Si tu as pu percer dans la musique, c’est que tu as été aidé par les autres, tu as des connections. Mais dis-nous, au juste ce que tu as déjà accompli pour la promotion de la musique burundaise, toi qui n’a même pas de label? »
Et de défier Kidum: « Que Maman Lacosta (la manager de Lacosta Beach, ndlr) nous donne la scène moi et toi pour un duel musical. Je parie que toi… ou ton fils chéri Mugani (Big Fariouz, le rival de Sat-B, ndlr) vous n’êtes pas capable de faire danser les spectateurs comme moi. Venez faire le duel contre moi si ça vous chante. C’est de la musique, il n’y a pas de haine ».
Roméo Nininahazwe chanteur-producteur, abonde dans le même sens que Willy Sirabahenda du groupe Étoile du Centre : « Avoir les cheveux blancs ne signifie pas nécessairement être sage. Traiter de vauriens les chanteurs burundais en général alors que toi aussi en fais partie, à mon avis, cela revient à dire que toi (aussi) tu es concerné ».
Kidum, fier de ce qu’il a accompli sur la scène régionale va-t-il s’incliner devant ses pairs, se rabaisser devant ses » petits frères » et leur demander pardon ? Wait and see!