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Le gaz dans la cuisson, précieux mais très méconnu

Au moment où les prix du charbon de bois ne cessent de grimper, certains ménages se tournent vers d’autres solutions alternatives comme le gaz. Mais son utilisation s’observe chez une certaine catégorie de la population et pour plusieurs raisons…

Actuellement sur le marché, une bombonne de 6kg coûte 27.000Fbu, ce qui revient à 4.500Fbu le kg. Pour information, une bouteille bombonne de 6kg peut être utilisée pendant presque tout un mois dans un ménage.

Un marchand des bouteilles bombonnes rencontré au centre de ville Bujumbura confie que ses clients sont essentiellement composés des propriétaires de grands hôtels et restaurants, des personnes de la haute classe et surtout des vacanciers et des blancs : « Il y a des particuliers qui viennent en acheter mais ils ne sont pas très nombreux. Et même lorsqu’ils viennent, ils n’achètent pas de grosses quantités. »

Quant à la disponibilité de ce produit, les quantités disponibles ou importées ne sont  pas très bien connues selon un des conseillers de la direction générale de l’énergie et mines, interrogé.

D’après lui, ce manque des statistiques sur ce produit est dû au fait que les entreprises importatrices du gaz refusent de collaborer avec  sa direction : « Ils réclament à l’Etat de leur donner les devises nécessaires à leur commerce comme c’est le cas dans le secteur pétrolier. La seconde raison est qu’il n’y a pas de producteurs locaux de gaz. »

 Toutefois, indique notre source, tous les importateurs de ce produit ont des facilités dans leur commerce car il est exonéré depuis 2020 : « les 4 entreprises importatrices du gaz à savoir Rucsa Gaz, Betha Gaz, Bujumbura Gaz Company et Taïfa Gaz ne versent rien à l’Etat comme dédouanement. »

Un produit aux avantages énormes

Malgré la rareté de ce produit, les ménages de Bujumbura l’utilisent de plus en plus. Ange Ndayisaba, cadre dans une entreprise dans la ville de Bujumbura, n’arrête pas de l’encenser depuis qu’elle a cessé d’utiliser le charbon de bois : « Le gaz m’aide énormément. Quand je rentre du travail le soir, ça ne me prend que quelques minutes pour préparer un repas à ma famille. »

Cette mère de deux enfants affirme qu’elle s’est tournée au gaz à cause des difficultés à trouver du charbon de bois : « Les prix ne cessait de varier avec le risque de tomber sur du charbon de mauvaise qualité. J’ai opté pour l’utilisation du gaz. Cela fait six mois que je l’utilise et tout va bien pour le moment. » 

Un produit qui reste toutefois très méconnu

Un des freins à l’expansion de l’utilisation du gaz est la mauvaise publicité dont il jouit. La rengaine très répandue de son explosion facile est évoquée à chaque fois qu’on parle de son utilisation. Ange Ndayisaba, malgré qu’elle vient de faire 6 mois comme usagère du gaz, assure toujours avoir peur de laisser ses enfants seuls à la maison ou bien même dans la cuisine car les risques d’incendie sont élevés.

Même son de cloche chez G. K., homme d’affaires habitant dans la zone Kinindo au sud de Bujumbura : « Pour éviter tout incident, j’utilise mon gaz en personne. Mon garçon de maison prépare les haricots avec le charbon de bois et ma femme et moi utilisons le gaz lorsque nous sommes à la maison. », indique-t-il.

Malgré le risque, H.B. de la zone Nyakabiga fait savoir qu’il est hors de question d’abandonner l’utilisation du gazcar,estime-t-il, utiliser du gaz est très avantageux. Pour lui, non seulement, il permet une cuisson rapide mais réduit également les saletés à la cuisine. Concernant les risques d’incidents, ce jeune homme indique qu’il s’agit d’une question d’apprentissage et de confiance : « Moi j’ai donné des instructions à la femme de ménage et elle s’est bien adaptée. C’est juste lui montrer comment cela marche et lui faire confiance. »

Et d’indiquer qu’il trouve dommageable toute la mauvaise publicité faite autour de l’utilisation du gaz dans la cuisson. Bien plus, fait-il remarquer, il y a carence de communication autour de ce produit même au niveau des autorités compétentes et des entreprises commerçantes de ce produit : « Certes, son utilisation requiert de l’énergie comme l’électricité mais, il faut tout au moins en parler ici à Bujumbura où la plupart des ménages en ont accès. »

Concernant les dangers liés à la mauvaise manipulation de ce produit, le jeune homme conseille de prendre des précautions avant usage : « Suivre attentivement les instructions et le mode d’emploi. Et en cas d’accidents comme les incendies, contacter les services d’urgence, et évacuer rapidement la victime pour un suivi médical. »

Un article rédigé par Reine Princia Itangiteka, issue de la faculté des sciences de l’environnement à l’Université Polytechnique de Gitega, dans le cadre d’un stage au sein du Magazine Jimbere

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