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Fatou, la réparatrice du goût de Bwiza

Pourquoi « Mama Fatou », modeste tenancière d’un restaurant de quartier, figure parmi les 11 femmes choisies par Jimbere comme ayant marqué le Burundi en 2021 ? La raison est autant simple que surprenante : nous sommes de plus en plus nombreux, dans notre Rédaction et dans la capitale économique du Burundi, à saliver en se souvenant de ses plats…

Bwiza, à l’Avenue de l’Université, numéro 26: le restaurant Chez Fatou, est devenu un point de chute pour de nombreuses âmes en perte d’énergie à midi.

La patronne des lieux, dame Fatou Ndayishimiye, 43 ans et six enfants, un sourire floqué aux lèvres attend ses clients, la tête voilée. Dans la cuisine, les watumishi (travailleurs, en swahili) s’activent et des odeurs poivrées s’entremêlent dans l’air. A 11h, c’est l’heure d’ouvrir les portes : tout est fin prêt.

Le restaurant prend vite des allures de réfectoire… pour se vider à 14h. Trois heures de slaloms incessants pour les serveurs entre les tables bondées, afin de profiter au maximum de la pause-midi. Et ce, de lundi à samedi.

Le lieu par excellence du pilau

Planté dans un quartier des classes populaires, le contraste est pourtant frappant entre la modestie du décor qu’offre ce restaurant et sa clientèle, plutôt petite bourgeoisie (avec de plus en plus de vacanciers en manque de sensations papillaires fortes).

Les lieux ouvrent les portes en mai 2020, avec un credo qui n’a jamais été démenti depuis: simplicité, hygiène et accueil chaleureux. Ici, tout tourne autour du pilau, ce plat de riz épicé qui nous vient des côtes zanzibarites.

Au poisson, aux feuilles de manioc (sombe), ou alors à la viande bovine, avec des frites et un bol de salade trempé dans de la mayonnaise, la commande est au choix… Et si le restaurant vole la vedette à d’autres qui existent déjà, en grand nombre et depuis fort longtemps, c’est surtout pour son fétiche pilau ya kuku, la combinaison impliquant du poulet. Pour 10.000 Fbu, l’on mange à satiété, avec au choix un jus frais de bissap ou de gingembre.

Un succès fulgurant

Et pourtant, tout n’était pas acquis au début de l’aventure. Fatou la vendeuse des basins, ne s’imaginait pas percer aussi rapidement dans le business culinaire.

Le restaurant Chez Fatou débute en 2020, au détour d’une discussion avec une amie. Elle réunit le capital avec une partenaire, qui va se retirer juste après.

Suite à ce départ, l’affaire va tanguer, sans couler. Fatou maintient le cap: « Depuis l’installation jusqu’à l’ouverture tant attendue, en passant par le financement et trouver les employés, l’aventure était un brin hasardeuse, dans un métier des plus exigeants. J’ai dû changer mes habitudes, ma famille s’est adaptée…»

Actuellement avec 12 employés, Fatou est elle aussi devenue gourmande : elle compte trouver un autre endroit « plus grand et plus confortable pour ouvrir un autre restaurant ». Inch’Allah.

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