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Dunyuri : pourquoi cette course contre la montre, mais pas contre la mort, persiste

Le phénomène en vue à Bugarama et ses environs, sur la RN1, est une pratique très controversée des conducteurs de vélo qui consiste à s’accrocher aux poids lourds, aux bus et même parfois aux voitures des particuliers. Un acte suicidaire.

Perchée dans les collines surplombant la capitale économique, à 45 minutes de Bujumbura, Bugarama est beaucoup plus connu pour sa fraîcheur, mais aussi par le goût du risque des cyclistes du coin. Si ce ne sont pas des transporteurs de régimes de bananes, ce sont des revendeurs du charbon de bois, ou encore ceux qui ramènent de Bugarama les pommes de terre, ou d’autres produits agricoles variés.

Il faut aussi comprendre que Bugarama est le principal centre maraîcher du pays situé au carrefour des routes qui mènent vers le centre du pays, Gitega, ou le nord, Kayanza, Ngozi, et Kirundo. Il alimente en fruits et légumes la capitale économique, et le moyen de transport le plus usité est le vélo.

Un sport suicidaire « Made in » Bugarama

Connue pour être une des routes les plus « accidentogènes » du Burundi, la RN1 est aussi une route connue pour ses virages brusques et ses gorges serrées occasionnant du coup beaucoup d’accidents. Musoni, conducteur de vélo, faisant la navette entre Bujumbura et Bugarama tente d’expliquer le phénomène par la volonté de gagner plus de tempsː « Étant accroché sur un camion, je peux faire Bugarama-Bujumbura en 45 minutes, ce qui me prendrait plus de 2 heures à vélo. »

Gilbert Ndayisenga, revendeur de charbon, la pratique facilite ses affaires. « D’abord, le matin je me lève à 4 heures, et j’amène du charbon à Bujumbura. Il faut que je sois arrivé à 5h 30 minutes. C’est l’heure où beaucoup de citadins cherchent du charbon pour faire du thé dans les ménages. La première course du matin faite, je peux faire 3 autres allers-retours juste en m’accrochant sur les véhicules ».

Néanmoins, cette pratique risquée conduit souvent à des accidents qui aboutissent parfois aux décès. C’est pour cette raison qu’il faut bien maîtriser la RN1. « Il faut savoir où se trouve le moindre trou sur la chaussée, ainsi que chaque virage car nous ne voyons pas devant nous. Les blocs en béton qui bordent la rue ont déjà aussi emporté plusieurs vies. Il faut savoir jongler avec la vitesse du véhicule car s’il roule vite, et que le guidon commence à trembler, on perd la maîtrise et au moindre trébuchage c’est la mort assurée. Il arrive aussi qu’on glisse sur une pelure de banane jetée à la rue ou de l’huile, le mieux qui puisse arriver dans ces cas c’est une invalidité qu’on peut garder pour toute la vie », indique Musoni.

Alors que ce phénomène continue d’emporter des vies, Joseph Bahati, habitant de la localité, trouve que le problème réside dans le fait qu’il n’y a pas d’amende officielle ou de pénalités reconnues à quiconque se trouve dans cette imprudence qui, pour lui, est une source d’insécurité routière : « Quand on les arrête, ils sont vite relâchés, et ils reprennent le lendemain. Il faut plus de rigueur. »

Selon le ministère de la Sécurité publique, le nombre d’accidents routiers est en hausse ces dernières années : à 3.145 en 2017, il est passé à plus de 5.000 en 2018 et à 2.705 au premier semestre de 2019.

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