L’industrie de l’hôtellerie a subi de plein fouet la crise du coronavirus. La suspension ou l’annulation de certains évènements et la restriction des voyages internationaux ont réduit les recettes des complexes d’hébergement à zéro, poussant certains à la fermeture.
Les hôtels de moyenne, ou de la grande classe, touchés par la crise sanitaire. A Bwiza, quartier connu pour attirer la clientèle congolaise, les hôtels travaillent au ralenti depuis des mois. « Je me contente de quelques clients burundais venus de l’intérieur du pays. Et même là, faut-il renégocier le prix officiel des chambres car ils savent que je n’ai pas le choix », déplore Zénon, propriétaire de l’Areni Hôtel situé à la 6ème avenue.
Une chambre de 15.ooo Fbu par nuitée peut chuter à moins de 10.000 Fbu. Selon lui, s’il parvient à tenir c’est parce que les locaux lui appartiennent. Sinon, il aurait déjà fermé les portes. Ce complexe de 27 chambres rapportait plus de 400.000 Fbu par jour, et était toujours plein avant la fermeture des frontières qui a occasionné la rareté des clients congolais, zambiens, tanzaniens …. de passage à Bujumbura. Par loyauté, Mr Zénon a décidé de garder ses employés en espérant des lendemains meilleurs.
Le luxueux Kiriri Garden, un des plus grands complexes et chics de la capitale économique, ne raconte pas mieux. Avec de considérables investissements pour agrandir l’hôtel avant la pandémie du COVID-19, le manque de clients n’arrange pas les choses. Plus de 30 employés mise en chômage technique. L’hôtel connu pour accueillir des voyageurs venus de l’étranger pour les vacances, les artistes pour de grands évènements, des diplomates pour des séminaires, a vu sa clientèle réduite presque à zéro.
La situation à l’intérieur du pays …
La même réalité. Par exemple, sur la majorité des frontières du pays, le taux d’occupation des hôtels est presque nul. Au Nord du Burundi, à la frontière Kanyaru en province Kayanza, les 4 hôtels les plus convoitées [chez Novu, chez Majaruguru, Kwikona motel et le Mparamirundi Guest House] accueillaient plus de 40 passagers pour des recettes de plus de 450.000 Fbu par jour. Mais avec la restriction des voyages, ils ont dû fermer, enregistrant des pertes avoisinant plus de 50 millions sur les quelques mois de paralysie, sans oublier plus d’une trentaine d’employés mis au chômage technique.
A l’ouest, dans la province Cibitoke, les propriétaires des hôtels ne savent plus à quel saint se vouer. A l’hôtel Marina, à la frontière Ruhwa avec le Rwanda, l’établissement a fermé ses portes. « Il ne reste que deux employés pour veiller sur les bâtiments. On a dû licencier le gros de nos employés, et ça fait plus de 5 mois qu’on n’a pas de client », martèle Gérard Barukinamwo, gérant du motel jadis majoritairement occupé par des rwandais et des congolais en voyage d’affaires. Les recettes qui dépassaient plus de 700.000 Fbu mensuellement se sont réduites à moins de 100.000 Fbu. Par contre, même les hôtels Nzima et Imperial, choisis pour la quarantaine, sont aussi vides depuis un bout de temps. Pas de voyageurs, pas de clients.
A Butihinda en province Muyinga, les motels aux alentours de la frontière avec la Tanzanie, continuent de recevoir des clients grâce aux activités qui s’y déroulent encore. La Tanzanie n’ayant pas fermé ses frontières. Les quelques 70 camions qui franchissent la frontière par jour apportent son lot de clients et autres touristes et visiteurs.« Nous avons juste souffert pendant les trois premiers mois de l’année, mais après le trafic a repris et même les restaurants sont toujours pleins », confie un des propriétaires.
Au sud, en commune Nyanza-lac, province Makamba, malgré la proximité avec la Tanzanie, East African Hôtel situé au bord du lac Tanganyika, jadis convoité par des vacanciers, est mal en point. « Je suis passée de 1.000.000 Fbu des recettes à moins de 100.000 Fbu par semaine. Nous avons dû limoger le service traiteur alors que c’était l’un de nos plus grands profits pour les ateliers organisés dans nos salles. Heureusement avec les quelques voyageurs de la Tanzanie, on maintient bien que mal tous nos employés », déclare Kampimbare, gérante avec désarroi.
Travaillant à perte, octobre dernier, lors d’une réunion d’échange avec l’Office burundais des Recettes (OBR), les opérateurs du secteur de l’hôtellerie ont demandé la suspension temporaire de la TVA. « La requête sera transmise aux organes habilitées », assurera l’OBR. En attendant, le rebondissement incertain de la situation, de la capitale économique aux fins fond du Burundi, la doléance est la même : la réouverture des frontières est tant attendue.