Depuis plus de 10 ans à Kayanza, le Réseau des organisations des Jeunes en Action pour la Paix, la Réconciliation (REJA) travaille avec de jeunes leaders communautaires. Salomé, Désidérate, Gilbert, Élie et Silvère font partie de nouveaux leaders identifiés par REJA dans le cadre du projet Soutenir les femmes leaders d’aujourd’hui et de demain pour faire avancer la paix au Burundi. Découverte.
Désidérate Niyonkwe, youth leader
Elle a été identifiée comme Youth leader dans sa commune Matongo par REJA. Désidérate, du haut de ses 23 ans est une leader de renom dans sa province. Avec un parcours peu ordinaire, coiffeuse à ses heures perdues, vendeuse de tomates en journée, la jeune fille était loin d’être un exemple pour les autres jeunes. « J’ai eu un enfant hors mariage, ce qui est, vous vous en doutez, une aberration au Burundi », confie-t-elle timidement. Mais ça, évidemment c’était avant. Loin, d’être un handicap, son statut de mère célibataire l’a fait grandir. Elle en a même fait une force, allant vers d’autres jeunes pour les sensibiliser sur les grossesses en milieu scolaire, le VIH, etc. Cela fait maintenant 4 ans que Désidérate fait partie de youth leaders de REJA. Elle va de commune en commune avec 25 autres jeunes de son groupement donner diverses formations.
Salomé Manariyo, la rassembleuse des born again
À la voir ainsi menue, foulard sur la tête, la voix à peine audible, cachant sa bouche pour sourire, on aurait du mal à croire qu’on a en face de nous une grande leader. Une femme de parole, une umuremeshakiyago dans son église. 35 ans et mère de trois enfants, Salomé Manariyo est l’initiatrice d’un collectif d’entraide avec 10 de ses comparses de l’Église Pentecôte de Jérusalem de Matongo. Lorsqu’elle n’est pas dans sa classe à l’ECOFO Ryakambanda II, Salomé dispense depuis un an des sessions de sensibilisation sur le vivre ensemble, la résolution des conflits et évidemment sur la parole de Dieu. « Même au sein de l’église, les différends ne peuvent manquer. Nous mettons en avant le dialogue. Les gens doivent savoir se parler et s’écouter… », explique-t-elle. Et d’ajouter : « Mais surtout, grâce aux cotisations, certains membres ont commencé des activités commerciales. »
Gilbert Nkurunziza, « Nous devons vivre ensemble avec nos différences »
Professeur d’anglais très apprécié au Lycée communal Matongo, ce jeune père de deux enfants, n’avait pas, à la base, l’ambition de créer une quelconque organisation. « Quand j’ai vu mes jeunes élèves se chamailler pour des histoires politiques en 2015, je n’ai eu d’autres choix que de les approcher et les rassembler pour qu’on puisse dialoguer, en leur faisant bien comprendre que nous devons vivre ensemble et accepter nos différences », explique-t-il.
Une initiative qui lui a valu son identification, bien que ce soit un homme, dans le nouveau projet de Search for Common Ground Soutenir les femmes leaders d’aujourd’hui et de demain pour faire avancer la paix au Burundi.
Aujourd’hui, l’association de Gilbert Nkurunziza Tube mu bandi, compte 21 membres. Et via les cotisations et l’épargne-crédit, des activités génératrices de revenus ont vu le jour.
Silvère Ndayirukiye, membre d’ONELOPE Burundi
« L’Observatoire Nationale des Élections (ONELOPE) a depuis 2015 joué un rôle de médiateur, à Kayanza », assure Silvère Ndayirukiye. Le jeune homme de 30 ans, directeur adjoint de l’ECOFO Bandaga à Kayanza, se félicite des interventions faites par son organisation au niveau des communautés, en plus de la supervision des élections. « Grâce notre action, il n’y a pas eu d’incidents dans notre province ».
« Afin d’être inclusif, REJA a associé les hommes et les femmes de toutes sphères », explique Gabriel Nshimirimana, représentant provincial de Reja à Kayanza. Ce sont ces leaders qui, après avoir reçu les formations et le renforcement de leurs capacités, notamment en entrepreneuriat, iront dans leur communauté partager leurs connaissances et ainsi un changement de comportement pourra s’observer.
Elie Nsabimana, représentant communal de RANAC
Pour faire avancer la paix au Burundi, il est important d’approcher les partis politiques. Et c’est dans cette optique que REJA a identifié, parmi les leaders communautaires, Élie Nsabimana, le représentant communal du parti politique Rassemblement National pour le changement (RANAC). « Nous sommes présents dans les 9 communes de Kayanza. Nous travaillons beaucoup avec la jeunesse, notamment avec des formations de sensibilisation sur la résolution pacifique des conflits. 2015 ayant été une année de crise, les jeunes des différents partis politiques avaient besoin d’un encadrement pour éviter que la situation ne dégénère » , fait savoir M. Nsabimana.