Les chiffres du Ministère burundais de la Sécurité Publique mettent en évidence la hausse des accidents routiers ces dernières années : 3.145 en 2017, plus de 5.000 en 2018, et 2.705 au premier semestre de 2019. Une situation qui prend une tournure de plus en plus inquiétante en ce début d’été.
Le dernier en date est ce terrible accident hier : un gros bus de transport en commun vient percuter une voiture de transport « Probox » à Gatobo, en province Ngozi. Bilan humain : au moins deux morts, et des blessés. Avant-hier, un autre bus de la compagnie de transport Memento est tombé dans un ravin à Nyamutenderi dans les hauteurs de Bujumbura, sur la RN7. Ce qui a coûté la vie à 3 personnes, et fait 26 blessés. Ces cas sont loin d’être isolés : juin dernier, 3 accidents survenus lors de la passation du concours national à Bubanza et Cibitoke ont défrayé la chronique, alors que les accidents des motos et vélos sont de plus en plus récurrents sur la voie publique, surtout en mairie de Bujumbura.
Plus qu’un coût financier …
« Les dégâts matériels et humains occasionnés par les accidents routiers entraînent des pertes tant directes qu’indirectes qui sont souvent ignorées ou sous-estimées », regrette M. Rachid Hamza, un ancien chauffeur d’une ONG dont la jambe a été amputée après un accident. « Les gens ne se rendent pas compte du coût des accidents, hormis les pertes financières pour les familles liées notamment à l’hospitalisation ou encore aux frais funéraires en cas de décès. C’est aussi une perte au niveau des ressources humaines du pays. Notons également la grave menace que constituent les accidents de véhicules transportant des produits dangereux, sources de pollution du sol, de l’eau et de l’air ».
???? Un bus de la compagnie de #transport public #Memento finit dans un ravin à Nyamutenderi, dans la commune #Kanyosha (@BujumburaProv).
— Jimbere (@JimbereMag) July 14, 2020
Le bilan humain de ce grave accident n’est pas encore connu.#Burundi pic.twitter.com/fbj3N0T72A
Pourquoi la hausse des accidents de la route …
Rachid Hamza pense que les responsables de la sécurité routière y sont pour quelque chose. Selon lui, « la 1ère des causes de l’augmentation des accidents de la route est l’excès de vitesse qui, combinée au mauvais état des routes, forment un couple mortel. Mais je trouve qu’il y a aussi un certain laxisme au niveau de la sécurité routière. Il n’y a pas assez de panneaux de signalisation pour réguler et guider le conducteur. »
Le quarantenaire soulève aussi le problème du contrôle technique des véhicules de transport en commun défaillant, mais aussi le manque d’alcootest. « Beaucoup de conducteurs se permettent de conduire en état d’ébriété ». Il ajoute que beaucoup de gens qui obtiennent des permis de conduire sans passer des tests. Ce sont ces raisons qui expliquent la recrudescence actuelle des cas d’accidents de la route.
Contacté par la Rédaction de Jimbere, le porte-parole de la police, Pierre Nkurikiye, reconnaît partiellement ce que dit Hamza, mais réfute l’idée que les permis de conduire sont délivrés sans passation des tests. Il rappelle plutôt que la sécurité routière est une affaire de tout un chacun : « Dans cette période d’été connue pour être festive, tous les usagers de la voie publique doivent être prudents. Et je profite de l’occasion pour mettre en garde ceux qui seront attrapés en conduisant en état d’ébriété : ils seront sévèrement punis, de même que ceux qui seront pris en excès de vitesse. Pendant ces vacances, certains parents donnent des voitures à leurs enfants n’ayant pas encore de permis de conduire pendant les vacances. Je les mets aussi en garde. »
Cas de traumas en hausse également …
A l’Arche de Kigobe, le centre de MSF (Médecins Sans frontières), les accidents sont à l’origine de 90% des cas qui y sont traités. Le centre mis en place en 2015, fournit des soins gratuits aux patients victimes des accidents. « Rien qu’en 2018, on a procédé à 22.400 consultations d’urgence, et opérer 400 interventions chirurgicales. » Cette montée en flèche des accidents a d’ailleurs incité MSF à décentraliser les cas de traumas vers des structures partenaires comme les hôpitaux de Kamenge, de Bwiza-Jabe et les centres de santé de Buterere et Ngagara.
Chaque année, 1,3 millions de personnes perdent leur vie dans les accidents de la route, alors que 25 à 50 millions sont blessés – OMS. La cause numéro un de décès chez les jeunes âgés de 15 à 29 ans dans le monde, selon toujours l’organisation.