22 octobre de chaque année, le monde célèbre la Journée mondiale du bégaiement. Afin de connaître les causes, les symptômes et le traitement du trouble, le magazine Jimbere a interviewé Marie Misarova, orthophoniste au Centre Professionnel de Kinésithérapie.
Le bégaiement est une maladie ? Quelles en sont les causes ?
Il ne s’agit pas d’une maladie car il est causé par des anomalies structurelles, des anomalies fonctionnelles du cerveau. C’est un trouble de la parole caractérisé par des blocages, prolongations, répétitions des sons, syllabes ou mots, des hésitations et des pauses fréquentes.
Depuis longtemps, on croyait qu’il avait une origine purement psychologique, mais les recherches menées ces dernières années ont démontré le contraire. Il n’existe donc pas de cause unique au bégaiement mais plutôt un ensemble de facteurs à l’origine du trouble. La génétique y joue aussi un rôle important. Par ailleurs, le bégaiement touche quatre fois plus de garçons que de filles.
Est-ce un trouble qui se traite ? Si oui, comment ?
Il n’existe aucun médicament qui permet de soigner ses symptômes. Il n’existe pas non plus d’opérations qui permettraient de le faire disparaître. Il y a par contre différentes techniques proposées dans les séances de thérapie d’un orthophoniste qui ont pour but de mieux contrôler la parole, et ainsi de réduire la fréquence des répétitions et des hésitations.
La guidance parentale est également conseillée afin d’éviter les attitudes nocives, apprendre à être un interlocuteur actif, et diminuer la pression temporelle sur l’enfant avec des troubles de parole. Dans les cas graves, on accompagne la thérapie orthophonique par la thérapie psychologique qui aide le patient à mieux gérer le stress et le malaise, associés au bégaiement.
A partir de quel âge le trouble s’aggrave-t-il ?
La majorité des personnes atteintes de ce trouble montre les premiers symptômes dès l’enfance. Chez l’enfant de 2-4 ans, le bégaiement est courant, car à ce moment ils apprennent à parler. Ils cherchent leurs (premiers) mots et élargissent rapidement leur vocabulaire. On devrait s’inquiéter si le trouble persiste ou s’aggrave les années suivantes. Aussi, le trouble de parole peut apparaître après un accident ou un choc émotionnel chez des personnes qui n’en n’ont jamais souffert.
Quelles sont les attitudes à adopter pour diminuer le bégaiement ?
Il y a plusieurs approches dans la thérapie du bégaiement, dont par exemple « la parole prolongée », quand on demande aux parents et à l’enfant d’allonger les voyelles, de ralentir le débit de parole et de faire des pauses. Elle permet aussi à l’enfant de prendre conscience des processus de la parole lorsqu’elle est fluente. Néanmoins, elle sert à s’entraîner seulement en thérapie, elle ne peut pas être appliquée sans le conseil d’un orthophoniste. Toujours, le but de la thérapie est une parole sans tension et le plaisir de l’échange.