Du 2 au 6 et du 16 au 19 octobre 2018, la SaCoDé effectuait une étude de base sur la situation de l’hygiène, l’assainissement et l’hygiène menstruelle dans la commune Cankuzo.
« Nous avons ciblé Cankuzo parce qu’elle est sur la frontière, et enregistre beaucoup de mouvements de la population qui troublent la bonne gestion de l’hygiène. Par ailleurs, il y a le camp des déplacés de Kavumu en provenance de la RDC, qui accueille autour de 18.000 personnes sur un espace pas suffisant. Cela constitue un danger imminent si les bonnes pratiques de l’hygiène ne sont pas respectées. Les maladies liées aux mains sales feraient rage. Bien plus, les jeunes filles et femmes ont besoin d’être sensibilisées sur leur santé sexuelle et reproductive et leur hygiène menstruelle » explique Dr Djida Kaneza, qui a dirigé l’enquête.
Le questionnaire a été administré aux chefs des ménages, sur un échantillon de 400 ménages à enquêter. La provenance des ménages à enquêter était répartie entre les 16 sous-collines des 14 collines qui font la commune Cankuzo. Le milieu rural représentait 96,3%, soit 386 enquêtés. Les ménages de résidents étaient 88%, les réfugiés 6,7%, les rapatriés 3,5% et les déplacés 1,7%.
Des latrines qu’on ne lave pas
Les résultats obtenus ont montré que la localité a une grande nécessité d’être sensibilisée sur les bonnes pratiques de l’hygiène, l’assainissement, et l’hygiène menstruelle.
L’eau utilisée par les ménages provient des pompes de forage ou des bornes fontaine pour 44,6% des familles enquêtées, du robinet pour 38,7%, d’un puits protégé pour 13,2%, de l’eau de surface pour 7,2% et d’un puits non protégé pour 2,2%, en moyenne à 1km de distance (avec un maximum à 5km).
Quant
aux latrines, elles sont présentes dans 95,8% des ménages; la plupart non
lavables (46,9% avec dalle non-lavable, 40,1% sans dalle ou avec un trou
ouvert), les latrines avec dalle lavable représentant 4.7% des infrastructures
enquêtées. Les ménages nettoyaient leurs toilettes « quelques fois »
pour 49.6%, 2 fois par semaine pour 21,4%, quotidiennement pour 14,7% et jamais
pour 12,2%.
Les latrines étaient non partagées pour 87,3% des ménages, familiales et
partagée pour 4,7%, communes pour 4,5% et publiques pour 0,7%.
Ceux qui n’ont pas de toilettes se soulagent soit chez des voisins (93,3%) soit aux alentours de la maison.
La menstruation, sujet tabou
52,6% des ménages enquêtés n’abordent jamais la question des règles, la plupart
par honte d’en parler, de tabou culturel, ou par manque de connaissances. La
plupart des ménages (73,6%) ayant en leur sein des filles et femmes qui ont
déjà eu leurs menstrues, seuls 26,2% des ménages abordent le sujet de la
menstruation.
Le matériel utilisé pendant les règles était les haillons pour 33,2%, des bouts de tissu pour 31,4%, des serviettes à usage unique (type Cotex) pour 18,7%, des bouts de matelas pour 0,5% et Agateka pour 0,2%. 3,7% faisaient recours à d’autres techniques comme la superposition des culottes, l’usage d’habits épais, etc.
Des conséquences liées à la mauvaise gestion de l’hygiène menstruelle ont été relevées : la stigmatisation pour 32,4% des ménages, le vagabondage sexuel et les grossesses non désirées pour 6,7%, l’absentéisme scolaire pour 12,2%, les infections de l’appareil génital pour 42%, alors 24,2% n’étaient pas conscientes de ces dangers
Dans certaines localités de la commune Cankuzo, il y a encore des interdits liés aux menstruations, évoqués sur les 25,4% des ménages enquêtés : l’interdiction de passer à travers les champs (arachides, tomates, choux, avocats, haricots, courges, etc.), de regarder les plaies (sinon elles ne guérissent pas), de ne pas s’approcher ou traire les vaches ou boire du lait, de ne pas regarder des jumeaux sous peine qu’ils meurent, etc.
Le lavage des mains après les toilettes est effectué par 55,9%, quelquefois pour 35,9% et non fait par 8%.