Célébrée chaque 16 octobre de l’année dans le monde entier, cette 44ème journée internationale de l’alimentation coïncide avec l’introduction officielle de mise à l’échelle du modèle d’alimentation scolaire intégré dans 100 écoles à cantines. Un investissement qui va au-delà d’un simple repas chaud.
De visages d’enfants à la fois souriants, et un peu timides nous ont accueillis à l’école fondamentale Kagwema I. Leurs yeux brillants de curiosité scrutaient avec attention un groupe de visiteurs inattendus. Impatients de percer le mystère de la visite.
Ils ne tardèrent pas à le découvrir : une convention de financement pour soutenir les programmes de cantines scolaires a été signée ce matin 16 octobre 2024 entre le Programme Alimentaire Mondiale (PAM) au Burundi et la Principauté de Monaco. D’après Mme Isabelle Berro-Amadeï, ministre des relations extérieurs et de la coopération de la Principauté de Monaco, l’objectif est de cibler un million de personnes bénéficiaires, 500 ont été ciblées dans les pays ayant une coopération avec le gouvernement princier et la principauté de Monaco.

Ainsi, depuis 2015, la coopération de Monaco au Burundi a alloué 37% de ses financements à la sécurité alimentaire des enfants. Ce financement équivaut à 1 million d’euro qui servira à nourrir plus de 200.000 écoliers et écolières de 100 différentes écoles bénéficiaires du programme de cantine scolaire.
Comme l’a annoncée dans son discours Mme Sibi Lawson-Mariott, directrice pays et représentante résidente du PAM Burundi, ce programme favorise l’apprentissage et la réussite, vu qu’il réduit le nombre d’abandons scolaire. Bien plus, fait-elle savoir, ce programme est basé sur l’achat des denrées alimentaires locaux comme le maïs, le riz, les haricots, ce qui promeut l’agriculture locale et augmente les revenus des coopératives et des petits agriculteurs.
Selon toujours elle, l’équipement en eau potable, d’abris de cuisine, et de foyers de cuisson améliorés seront proposés aux cantines scolaires d’excellence, pour assurer le standard d’hygiène et de protection de l’environnement.

Un programme très apprécié
Les parents se réjouissent de cet apport indispensable qui améliore les conditions de vie et d’apprentissage des enfants.
Béatrice Nshimirimana, mère de deux enfants à cette école, ne tarit pas d’éloges envers cette initiative : « Ce programme est très bénéfique car ces derniers temps, les familles font face aux conséquences du changement climatique sur la production et cela entrave le bon fonctionnement de la vie familiale. » Pour cette maman cuisinière, les terres ne sont plus fertiles, il est donc difficile de nourrir les enfants.
Et de poursuivre : « Quand on n’a pas nourri son enfant, il est difficile de l’envoyer à l’école. » Pire, soutient-elle, par manque de choix, il arrive à la plupart de parents de manquer à leur devoir, qui est celui de pourvoir aux besoins de leurs enfants. Par conséquent, il leur est difficile d’exiger de meilleurs résultats scolaires alors qu’ils sont partis ventre creux à l’école. « Aujourd’hui, nous avons l’assurance de leur bonne santé et du bon apprentissage », se réjouit-elle.
Comme le raconte cette brave dame, depuis que ce programme existe, les parents ayant des enfants à cette école s’organisent à tour de rôle pour venir faire la cuisine. D’ailleurs, ils ont construit de leurs propres mains un réfectoire, certes modeste, pour leurs enfants. En outre, ces parents bénéficient également de ce repas.
Ce projet de mise à l’échelle du modèle d’alimentation scolaire renforcera également la résilience des membres des Comité de Gestion des cantines. L’agence ONU Femmes, partenaire sur ce projet, va équiper et former25 AVEC (Association Villageoises d’Epargne et de Crédits) sur la fabrication de savons, de serviettes hygiéniques et de briquettes pour la cuisson des aliments. Une partie de la production sera distribuée gratuitement aux écoles et le surplus sera vendu afin de générer des revenus pour les associations.
Un chemin encore long malgré le pas franchi
Chaque matin, confie-t-elle, l’équipe de parents cuisiniers arrive à l’école vers 6heures. Ils commencent par puiser de l’eau et préparent ensuite un repas composé de riz, de haricots et de champignons séchés, pour le servir vers 13h. « Pour préparer, nous nous référons au nombre d’élèves venus la veille pour savoir combien nous avons à nourrir », conclut-elle.
Au cours de ces cérémonies, les écolières danseuses qui agrémenté cette activité, n’ont pas manqué de glisser une requête à travers chants et récitations. L’on pouvait entendre « Ubumenyi turabufise, ariko amashure ni make. Turakeneye n’uturima tw’igikoni. » (Nous sommes intelligents mais il nous manque de salles de classe suffisantes et de petits jardins potagers).
Vous saurez que les cantines scolaires d’excellence vont être équipées d’un point d’accès à l’eau potable, d’abris de cuisine, et de foyers de cuisson améliorés pour assurer le respect des standards d’hygiène et de protection de l’environnement. En complément, le projet va mener des campagnes de déparasitage et des séances de sensibilisation sur le genre et la santé sexuelle et reproductive au sein des écoles.

Même si ce programme de cantine scolaire a augmenté le taux de réussite, réduit le nombre d’abandon et le taux de malnutrition, ainsi que la migration des élèves à des écoles ayant des cantines scolaire, il persiste certains défis. C’est entre autres le manque criant de bois de chauffage, le manque des briquettes (combustible amélioré fabriqué à la base des restes de récoltes de riz) et la disponibilité des denrées alimentaires qui fait parfois défaut.
Pour pallier ces défis, un projet de jardin scolaire a été aménagé où se cultivent carottes, choux et amarantes sont pour compléter les repas en cas d’absence de champignons. Un étang a été emménagé juste à côté pour la pisciculture afin d’offrir du poisson aux écoliers.
A côté de cela, le PAM a promis une formation aux parents, prochainement, pour leur apprendre la fabrication de briquettes. Une partie sera utilisée à ces écoles et une autre vendue pour générer des revenus supplémentaires. De quoi espérer une année fructueuse pour les écoliers de l’école fondamentale de Kagwema I !
