Jimbere

Kirundi French
Cyclisme

Cyclisme burundais : encore une marche à gravir

Emmanuella Rukundo sest illustré dans le championnat Cycliste africain en se hissant à la 4ème marche de l‘étape du Road Race. Une bonne prestation pour la jeune cycliste mais loin des réalités de ce sport au Burundi où la Fédération de Cyclisme (Febucy) tente de se positionner sur le continent africain en organisant un tour cycliste International féminin, mais patine à préparer son championat national.

Le tour cycliste du Rwanda vient de se boucler ce dimanche et aucune équipe Burundaise ou un cycliste Burundais n’a pu prendre part à cette 15ème édition du Tour Cycliste masculin. Cela ne figure pas, semble-t-il, parmi les préoccupations de la Febucy du moment. La Febucy concentre plus ses efforts au développement des jeunes talents et la pérennisation du Tour International Féminin au Burundi dont 2 éditions se sont déjà déroulées.

C’est d’ailleurs dans cette optique du développement des jeunes talents qu’elle a envoyé à Accra, Emmanuella Rukundo, concourir au championnat africain de Cyclisme début février. Et la jeune cycliste n’a pas déçu. Elle s’est même bien classée : une 5ème place devant une cinquantaine des cyclistes dans l’étape de 30 Km du Individual Time Trail (la course contre la montre) avec un chrono de 56 minutes 46 secondes 72 centièmes. 2 jours après, elle s’est accrochée à une 4ème place de l’étape du Road Race en parcourant 90 km en 2 heures 42 minutes.

Des grandes performances qui sonnent comme des exploits individuels. « J’étais la seule cycliste durant cette compétition à pouvoir concourir dans les 2 étapes. Les autres coureuses ont parcouru une seule étape, donc elles avaient le temps de se reposer », explique la cycliste de 19 ans, avant de poursuivre : « Comme je n’ai l’assurance de pouvoir participer dans d’autres compétitions majeures qui peuvent faire monter mes minimas, je ne pouvais pas me permettre ce luxe là car je cours après la qualification aux Jeux Olympiques. Donc je devais me donner à fond à Accra.»

Prosper Ngenzirabona, entraîneur de la cycliste, abonde dans le même sens. Pour lui, cette 4ème place obtenue dans l’étape du Road Race avait une tout autre saveur car les autres cyclistes étaient venues en équipe (donc en nombre par pays) mais Rukundo était la seule représentante du Burundi, ce qui en soi constituait déjà un désavantage pour elle : « Quand vous êtes en équipe, vous avez plusieurs tactiques à utiliser, comme la façon de défendre ou d’attaquer selon vos adversaires. J’espère que tout le monde mesure l’étendue de sa performance vu le nombre des pays africains représentés. »

Et tout ça avec un vélo de série 2016. Certaines de ses concurrentes avaient des dernières générations: « Les cyclistes Rwandais m’ont murmuré qu’elles avaient des séries 2021  mieux adaptées aux courses que celui que j’avais », confie la cycliste. Et comme si cela ne suffisait pas, à l’entame de l’avant dernière étape, un de ses pneus a crevé et son entraineur a dû jouer le rôle du monteur de pneus avant que Rukundo ne termine la course dans un sprint de folie pour rattraper le peloton.

Un championnat national inexistant

Si Emmanuella Rukundo est considérée comme un talent rare, cela ne signifie pas qu’il en manque d’autres au Burundi. Felix, entraîneur du club Akaranga de Gihanga (qui fournit le plus d’athlètes en équipe nationale) est parmi ceux qui croient que plusieurs talents d’un tel niveau peuvent émerger si les conditions propices pour le développement des jeunes sont mises en place : « Nous en avons plusieurs, ils veulent seulement des compétitions pour garder la forme. » 

Et de lâcher : «  On ne peut pas espérer avoir des talents de haut niveau si la Febucy n’organise pas régulièrement un championnat national digne de son nom. La dernière compétition du genre date de 2020. » 

Hawa Nibarere, cycliste du club, avait soumis cette préoccupation au Président de la République lors de la rencontre entre ce dernier et les jeunes le 11 février 2023, en demandant qu’il y ait plus de compétitions pour permettre aux talents d’émerger et un espace pour exister sportivement.

Contactée, Sandra Kinyomvyi, vice-présidente de la Febucy indique que le championnat national aura bel et bien lieu : « Préparez-vous pour le mois de juillet ! »

Mais, en attendant, un type de compétition semble exister pour les filles. Une sélection des meilleures cyclistes qui se fait avant le début du Tour international féminin, mais cette compétition intègre souvent les coureuses déjà connues. « Les nouveaux ou talents qui voudraient clore au haut niveau ont du mal à se faire une place car ils n’ont pas de compétitions où ils peuvent prester.  Et là, il s’agit des filles, les hommes eux ne savent pas toujours à quel saint se vouer », se plaint M. Félix.

Ce que dit l’entraineur du club Akaranga est peut-être vrai, mais il oublie que la Febucy a des moyens limités, donc ne peut pas couvrir toutes ces charges, rétorque Madame Kinyomvyi : « Ce que nous dépensons provient de la caisse de la fédération et vous savez bien que la nôtre n’est pas garnie. »

Quelle que soit la situation, si la Febucy veut que le Burundi soit une référence en Afrique voire même mondiale dans le cyclisme féminin en abritant une compétition que plusieurs pays négligent, il faudra faire bien davantage. S’entrainer bien plus en préparant plusieurs championnats nationaux afin que la course à vélo soit répandue sur toute l’étendue du pays.  Lors du dernier championnat d’Afrique à Accra, Prosper Ngenzirabona a reçu quelques promesses des cyclistes féminins de participer à la prochaine édition au Burundi.

1 Comment

1 Comment

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

To Top