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Bujumbura : la spéculation sur le prix des médicaments dans les pharmacies reste d’actualité

©Jimbereǀ Pharmacie dans le centre-ville de Bujumbura

Et pourtant, il existe un organe de régulation des activités du secteur pharmaceutique au sein du ministère en charge de la Santé Publique : le Département de la Pharmacie, du Médicament et de Laboratoire (DPML). Mais celui-ci reconnaît ses limites : « Tant que le département n’aura pas une autonomie de gestion, notre efficacité sera réduite. Et vu le travail exigeant, nous faisons face à un manque de ressources humaines », révèle Israël Nimubona, le chef de service de normalisation et de réglementation au sein du DPML.  

Visiter une dizaine ou vingtaine de pharmacies de la capitale économique du pays à la recherche d’un prix abordable pour un médicament prescrit, ce périple, bon nombre de citadins l’ont certainement déjà vécu. « Des fois même, dans certaines pharmacies, le prix d’un médicament peut être le double de son prix réel », confie Ezéchiel (nom d’emprunt), détenteur d’une pharmacie à Kanyosha.

Le secteur pharmaceutique se serait-il transformé en un marché de capitaux ? Le nœud du problème, selon Désiré Bizimana, président de l’Ordre National des Pharmaciens, est l’absence d’une loi pour le réglementer : « La loi autoriserait seuls les professionnels dans le domaine d’ouvrir une pharmacie. Mais actuellement le secteur est bondé d’amateurs qui ne respectent pas l’éthique et la déontologie de notre métier. Vous trouvez des commerçants sans aucune formation, propriétaires de pharmacie ».

Et ce n’est pas l’unique problème. Les lamentations de Nathalie, détentrice d’une pharmacie dans le centre-ville de Bujumbura, en disent long : « Alors qu’il n’est pas autorisé aux grossistes de posséder une pharmacie détaillant, ils alimentent également la spéculation sur le prix des médicaments en approvisionnant leurs propres pharmacies à des prix relativement bas aux nôtres. »

La loi pharmaceutique, la solution urgente

L’Ordre National des Pharmaciens a plus de 20 ans d’existence, il n y’a pas encore de loi qui le régit. « C’est la seule [la loi, Ndlr] qui octroierait de l’autonomie au département. Ainsi ce dernier pourra se doter d’un personnel suffisant hautement qualifié pour mener des études de marché avant la vente des médicaments dans les pharmacies, une étape qui n’est pas respectée aujourd’hui », éclaircit Israël Nimubona, et d’ajouter : « L’autonomie du département permettra d’assurer aussi des bons salaires à notre personnel, ce qui limiterait les cas de corruption déjà signalées ».

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